Relier l’Asie à l’Europe par le train ne sera bientôt plus qu’un jeu d’enfant. Lundi 30 octobre, l’Azerbaïdjan a inauguré une nouvelle ligne de chemin de fer qui, sur 838 kilomètres, relie Bakou, la capitale azerbaïdjanaise sur la rive occidentale de la Caspienne, à la ville de Kars, au nord-est de la Turquie, via Tbilissi, la capitale de la Géorgie.
La nouvelle ligne, appelée BTK, devrait, à ses débuts, transporter un million de passagers et 6,5 millions de tonnes de marchandises par an. Le fret pourrait aller jusqu’à 50 millions de tonnes en 2025, si tout fonctionne comme prévu. La jonction ferroviaire entre les deux continents sera achevée en 2018, lorsque la Turquie mettra la dernière pierre au tunnel ferroviaire Marmaray, en cours de construction sous la mer de Marmara.
« Plus rapide »
BTK est le premier tronçon d’un ambitieux projet de « corridor ferroviaire » entre l’Asie et l’Europe, lequel, une fois achevé, acheminera passagers et marchandises « de Pékin à Londres en douze à quinze jours », selon Ahmet Arslan, le ministre turc des transports. Le fret via la Russie et l’Iran ainsi que le fret maritime n’ont qu’à bien se tenir. La « route ferroviaire de la soie sera beaucoup plus rapide », assurent les autorités azerbaïdjanaises.
Lundi, le premier train est parti d’Alat, un port au sud de Bakou, créé pour faciliter le commerce avec le Kazakhstan et le Turkménistan, deux Etats centrasiatiques situés sur la rive orientale de la Caspienne. En montant à bord, les représentants de l’Azerbaïdjan, de Turquie, du Kazakhstan, de Géorgie et de l’Ouzbékistan y ont décelé une promesse de « paix et de prospérité pour la région ».
La promesse ne vaut pas pour l’Arménie, tenue à l’écart du projet, alors que son ancienne voie ferrée de l’époque soviétique offrait le plus court chemin vers la Turquie. L’option était impensable car l’Arménie et l’Azerbaïdjan sont à couteaux tirés autour de la possession du Haut-Karabakh, une région azerbaïdjanaise peuplée majoritairement d’Arméniens où les accrochages sont persistants.
Par solidarité avec le frère azerbaïdjanais turcophone, la Turquie a fermé sa frontière avec l’Arménie en 1993 et n’envisage pas de la rouvrir de sitôt. Le désenclavement a ses limites.