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La consommation de viande en France baisse depuis la fin des années 1990, sauf celle de volaille

Les chiffres de la consommation de viande indiquent, eux, une baisse générale, en France, depuis la fin des années 1990. Seule la consommation individuelle de volaille connaît une forte hausse.

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Publié le 11 septembre 2017 à 16h52, modifié le 23 novembre 2017 à 10h27

Temps de Lecture 3 min.

Tendance végane de plus en plus présente, scandale à répétition dans les abattoirs, crises sanitaires ou recherche d’une meilleure santé… Les chiffres de la consommation de viande indiquent une baisse générale, en France, depuis la fin des années 1990. Seule la consommation individuelle de volaille connaît une forte hausse. La filière viande est en crise, même si les professionnels du secteur croient encore en l’avenir de la viande. Comment expliquer une telle tendance ?

La consommation de viande connaît une baisse générale, en France, depuis 1990. Seule la consommation individuelle de volaille connaît une forte hausse.

Pour Pierre Sans, chercheur associé à l’INRA-Aliss (alimentation et sciences sociales) d’Ivry-sur-Seine et enseignant à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, ce changement de comportement alimentaire s’explique par une conjonction de plusieurs facteurs.

« S’il est difficile de déterminer une unique cause à l’origine de la baisse de la consommation de viande en France depuis une vingtaine d’années, il est en revanche possible d’identifier trois paramètres responsables de ce phénomène », relève-t-il.

L’effet prix

Si les Français consomment aujourd’hui moins de viande qu’il y a vingt ans, « c’est d’abord à cause de la hausse de son prix », explique Pierre Sans.

Et pour cause, les tarifs des produits carnés, en particulier ceux issus des espèces bovines (bœufs, vaches) et ovines (moutons, agneaux), ont considérablement augmenté depuis les années 1990, comme l’indiquait le rapport de France AgriMer en 2015.

La sensibilisation à l’impact l’environnement

Deuxième raison de la moindre consommation : le fait que les consommateurs citoyens sont devenus de plus en plus soucieux de leur planète. « Cela joue en faveur d’une réduction de la consommation de la viande », explique Pierre Sans.

« Davantage sensibles aux conséquences de l’élevage industriel, notamment des ruminants, sur le changement climatique, les Français optent désormais avec plus de facilité pour une réduction des produits carnés dans leurs habitudes alimentaires. Sans pour autant supprimer définitivement la viande des assiettes des Français. »

Nombre d’abattoirs en France en 2015

Les craintes pour la santé

Enfin, le lien, établi en 2015 par le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), entre la consommation abusive de viande rouge et certains cancers « a probablement conduit le consommateur à prendre conscience de l’impact de son alimentation sur sa santé », rajoute Pierre Sans.

Pourquoi un tel engouement pour la volaille ?

Alors que la viande de porc, de veau et surtout de mouton est de moins en moins présente dans les assiettes des Français, la volaille est quant à elle toujours autant appréciée. Voire davantage.

Cette tendance, le chercheur la justifie, en partie, par l’évolution des formes de produits proposés sur le marché : « Depuis plusieurs années on constate une montée en puissance de plats élaborés à partir de viande transformée. La volaille est la viande qui se prête le mieux à la confection de ces aliments prêts à être consommés sur le pouce, comme les sandwichs ou les plats mijotés par exemple. Alors que les pièces de mouton ou de d’agneau ne se prêtent pas du tout à ce genre de cuisine. »

« Depuis plusieurs années on constate une montée en puissance de plats élaborés à partir de viande transformée. La volaille est la viande qui se prête le mieux à la confection de ces aliments prêts à être consommés sur le pouce, comme les sandwichs ou les plats mijotés par exemple. Alors que les pièces de mouton ou de d’agneau ne se prêtent pas du tout à ce genre de cuisine. » Pierre Sans, chercheur à l’INRA-Aliss.

Va-t-on vers une disparition de la viande dans les assiettes ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le succès du véganisme n’est pas, selon le chercheur, la première raison qui pousse les Français à manger moins de produits carnés. Il précise : « La mode du régime végan, ainsi que la sensibilité croissante des consommateurs occidentaux pour la cause animale, pèsent évidement dans leur choix de réduire leur consommation de viande, mais ces comportements n’expliquent pas à eux seuls cette baisse. »

Doit-on dire adieu au bœuf bourguignon, à la blanquette de veau et au ragoût d’agneau ? Pour Pierre Sans, il n’en est pas question : « Je reste optimiste sur le niveau de la consommation de viande en France. Même si la tendance de la consommation de produits carnés est à la baisse, il y aura toujours dans notre culture et nos habitudes alimentaires une place pour les plaisirs gustatifs, dont la viande fait inévitablement partie. Si le véganisme connaît de nos jours un fort succès, je ne pense pas pour autant que l’ensemble des consommateurs français s’inscriront dans un modèle de rejet total de la viande. »

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