Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Violences sexuelles : « Le fait divers est devenu politique »

L’ancienne députée européenne ­Geneviève Fraisse donne, comme philosophe spécialiste de l’égalité des sexes, sa lecture de l’affaire Weinstein et des réactions qu’elle provoque.

Propos recueillis par 

Publié le 19 octobre 2017 à 12h45, modifié le 19 octobre 2017 à 15h49

Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Geneviève Fraisse, le 30 mars 1999.

Alors qu’une édition ­augmentée de son livre ­Du consentement (Seuil, 152 p., 16 euros) sort en librairie, l’ancienne députée européenne ­Geneviève Fraisse donne, comme philosophe spécialiste de l’égalité des sexes, sa lecture de l’affaire Weinstein et des réactions qu’elle provoque.

Quelles différences faites-vous entre l’affaire Dominique Strauss-Kahn et l’affaire ­Weinstein ?

Pour nous, Français, il y a une chronologie : c’est grâce à l’affaire DSK que celle sur Baupin est sortie, et que nous pouvons prendre en considération ce qui se passe avec le producteur de cinéma américain. La différence, c’est qu’on est sorti du fait divers ; il y a une mise en politique, c’est-à-dire qu’on ­considère maintenant que le fait divers est politique. C’est le premier point.

Le deuxième point, c’est que ­l’affaire DSK nous ramenait au XIXsiècle : le bourgeois qui monte dans la chambre de bonne – ou la femme de chambre qu’il rencontre à l’hôtel. Avec Denis Baupin ou Harvey Weinstein, nous sommes dans une autre sphère que la sphère domestique privée, c’est celle du lieu de travail. Néanmoins, là où ces affaires se rejoignent, c’est évidemment que le corps des femmes reste à la disposition des hommes.

Que nous disent ces affaires ?

J’y vois la fin d’un cycle et le début d’un autre. Celui qui s’achève est celui des droits que les féministes ont commencé à réclamer au ­début du XIXsiècle : critique du code Napoléon, obtention des droits civils à égalité, des droits ­politiques, économiques, jusqu’aux droits ­familiaux de la fin du XXe (autorité parentale partagée, etc.). En deux cents ans, elles ont effectué ce travail. Cette phase est relativement achevée, même s’il reste quelques combats, bien sûr.

Le XXIsiècle actualise la fin de ces demandes de droits. C’est alors la question du corps – même si elle était déjà présente dans, par exemple, la question du ­divorce, de l’avortement – qui ­devient ­primordiale : c’est l’énorme sujet de la ­reproduction, la procréation médicalement ­assistée (PMA), etc., d’abord, et le fameux mot d’ordre « mon corps m’appartient », ­ensuite, qui doit se décliner autrement.

C’est pourquoi il est tout à fait ­logique que ces affaires de violences sexuelles explosent maintenant. Mais avec elles on voit qu’on entre dans une zone de brouillard où certaines questions ne se ­laissent pas traduire par une ­demande de droit. Cette nouvelle loi sur le harcèlement de rue que veut porter ­Marlène Schiappa [secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes] va nous laisser dubitatifs : ce dont il est question n’est pas seulement de l’ordre du juridique, le droit ne pourra pas grand-chose, ni l’éducation du reste.

Il vous reste 43.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.