Vous rêvez de prendre la plume, mais vous êtes décidément trop mauvais ? Les plus fortunés d’entre nous s’offrent des ghost writers, (dit aussi « nègres » en français), mais pour les autres ? Pas de panique. Un programme utilisant une intelligence artificielle vous propose de vous aider à écrire comme Ernest Hemingway. Ou pas. Elle porte d’ailleurs opportunément le nom d’Hemingway Editor ou Hemingway App.
Ce logiciel magique existe depuis 2013, mais c’est un journaliste de Quartz, à la recherche d’une application qui l’aiderait à mieux écrire, qui l’a déterré cette semaine. « Hemingway vous aide à écrire de façon franche et claire », promet le site, de façon à ce que le lecteur puisse se « focaliser sur le message », et non sur le verbiage.
Un texte passé à la moulinette Hemingway en ressortira débarrassé des adverbes superflus, des phrases qui tournent en rond et de la voix passive. Le système reconnaît les maladresses, les surligne et les range en plusieurs catégories : en bleu, les adverbes, en jaune, les phrases difficiles à lire, en rouge, les phrases « très » difficiles à lire, en vert, la voie passive.
Afin de disposer d’un exemple, comme le site est anglophone, nous avons traduit un extrait d’un article publié sur Big Browser il y a quelque temps.
La morale de l’histoire étant que nos phrases sont trop longues (on ne nous l’a donc pas assez répété), passons à un exemple plus intéressant : Hemingway réussirait-il lui-même le test de l’Hemingway App ? Essayons avec un extrait du Soleil se lève aussi. Le résultat est assez moyen (même s’il est quand même meilleur que le nôtre), avec une phrase « très difficile » à lire, trois adverbes (et une erreur, le groupe verbal « I think »), ainsi qu’une voix passive.
Comme l’explique notre confrère de Quartz, la reconnaissance d’erreur est basée sur les critères de « lisibilité », soit les tours de langage dont l’on considère qu’ils alourdissent inutilement un texte : les longues phrases, la voix passive, les mots trop longs. L’idée est d’aider le romancier potentiel à comprendre que l’on peut faire entendre des idées complexes dans une prose simple.
Le journaliste cite d’ailleurs l’un de ses propres articles, consacré aux manifestations politiques. Un article dont il est assez fier, fondé sur une étude… et qui ne rencontre pas un franc succès en ligne. Passé dans le logiciel, le texte est presque entièrement surligné, en particulier pour des phrases trop longues.
La version corrigée est présentée à une éditrice. Qui ne l’aime pas. Les phrases courtes rendent le style haché et impersonnel. « Mais je verrais bien cela comme un exercice utile à l’étape du brouillon, pour voir rapidement les coupes évidentes à faire », conclut-elle. D’où cette mise en garde : « si vous écoutez trop l’Hemingway App, elle peut aussi ruiner votre style. » Et si vos textes sont mauvais, ne vous découragez pas. Hemingway lui-même disait :
« Un premier brouillon, c’est toujours de la merde. »
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