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Pourquoi les journalistes parlent-ils tous de la même façon dans les JT ?

Las d’entendre toujours les mêmes intonations à la télévision, Arte Radio a demandé à un ancien rédacteur en chef du « 20 heures » de France 2 pourquoi les journalistes prenaient toujours ce ton grave.

Publié le 08 avril 2017 à 21h13, modifié le 08 avril 2017 à 23h12 Temps de Lecture 3 min.

Le journaliste de France 2 David Pujadas, dans les studios de l’Emission politique, le 9 mars.

C’est une question qu’on s’est déjà tous posée : pourquoi les voix off des journaux télévisés se ressemblent-elles tant ? Arte Radio, la webradio de la chaîne franco-allemande, a tenté d’y répondre sérieusement avec humour. Formatage des journalistes, demande expresse des rédactions TV ou juste mauvaise habitude… dans un podcast, Victoire Tuaillon raconte son expérience de jeune journaliste passée par la rédaction de France 2.

« Pas de bonne voix, pas de contrat », lance-t-elle, évoquant les reproches de ses chefs sur son ton apparemment peu adapté aux formats télévisuels. « Un soir j’en ai eu marre (…) alors dans la cabine de mixage, j’ai pensé à Vincent Maronnier de Groland (la voix off caricaturale de l’émission satirique), j’ai baissé ma voix de trois octaves, et là de l’autre côté de la vitre j’ai vu mon chef me faire des grands signes, tout content. Ce soir-là j’ai même reçu des textos de félicitations : “Bravo ! Tu vois, tu l’as enfin trouvée ta voix.” »

La journaliste d’Arte Radio, qui confie ne pas être sûre de retravailler un jour à la télé, ne s’arrête pas à sa propre expérience et tend également le micro à Pascal Doucet-Bon, directeur adjoint des rédactions de France Télévisions. « Les chefs sont paradoxaux, ils se plaignent de l’uniformisation mais ne font rien pour que ça change », reconnaît celui qui a été rédacteur en chef du « 20 heures » de France 2.

Il l’admet, « on massacre la ponctuation », « on crée des virgules qui n’existent pas ». A bien se pencher sur les extraits de reportages, deux styles de voix semblent largement utilisés dans la profession : le ton grave et important, qu’on peut entendre sur des sujets aussi effrayants que les trottoirs enneigés ou le début des soldes ; et l’intonation qui donne l’impression de finir ses phrases sans point, « en l’air ».

« Les têtes qui dépassent, on les renvoie dans leurs régions »

Autre élément pointé par Arte Radio : tous les journalistes ont un accent parisien à la télévision. Les accents régionaux semblent en effet bannis des écrans nationaux. Tristement honnête, Pascal Doucet-Bon avoue : « Les têtes qui dépassent, on les renvoie dans leurs régions. Si un journaliste perpignanais avec un accent à couper au couteau arrivait à la télévision, bah, non, je ne vais pas le prendre. Et je défendrai l’idée de ne pas le prendre parce qu’on ne comprend pas ce qu’il raconte. »

Pour le directeur adjoint des rédactions de France Télévisions, le problème de l’accent n’existe pas vraiment puisque la sélection est faite a priori dans les écoles de journalisme. Les aspirants porteurs de micro sont invités à gommer leur accent ou à se tourner vers la presse écrite…

Mais qui a demandé à ces journalistes de parler ainsi ? Pour l’ancien rédacteur en chef du « 20 heures » de France 2, c’est un exemple de mimétisme ambiant, chacun pensant qu’il faut parler de cette manière. « Il [le journaliste] pense que ses chefs attendent ça de lui, ses chefs ne le détrompent qu’à moitié. Et c’est seulement quand le mal est fait, qu’il y a une généralisation de ce ton, qu’il commence à y avoir une remise en cause. Et en général on passe à l’acquisition d’un nouveau défaut : une mode en chasse une autre. » Alors, à quand la mode de l’accent catalan ?

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