Tribune. La vidéo de son passage à « The Voice » était rapidement devenue virale. Comme le disait Zazie, les fées se sont penchées sur son berceau. Une vraie voix, une grande beauté, un talent incontestable et des cheveux discrètement couverts. Egalement des origines syriennes, une francité pleinement assumée, tout comme son islam. Elle semblait avoir conquis le jury du télé-crochet. Cette synthèse de nos valeurs françaises, et même plus largement occidentales, sans renier son âme orientale, aura suffi à provoquer l’ire de l’extrême droite qui, dans cette affaire, a servi d’aiguillon aux médias et peut-être à l’opinion française.
Des posts maladroits de la jeune Mennel, exhumés par le Bloc identitaire, ont ouvert la polémique et brisé le pont que tentait de construire la jeune femme. En janvier, déjà, le mannequin « voilé », Amena Khan, avait dû renoncer à une campagne de L’Oréal pour avoir critiqué la politique israélienne dans des tweets datant de 2014. La connotation complotiste des tweets de la jeune Mennel pose en effet problème et a semblé constituer un obstacle insurmontable à son évolution artistique au sein de l’émission.
Que devrions-nous alors penser des onze vidéos parfaitement assumées par Jean-Marie Bigard sur les attentats du 11-Septembre ? Nous pouvons facilement imaginer le travail et la réflexion élaborée qu’a nécessités la réalisation de ces vidéos. Il ne s’agissait pas d’un ou deux tweets d’une jeune femme de 20 ans dont le pays d’origine est ravagé, depuis de nombreuses années, par la guerre et le terrorisme le plus abject et dont probablement nombre de membres de sa propre famille ont été victimes. Et pourtant, nul n’a pensé à excommunier Jean-Marie Bigard et il appartient à chacun de faire la part des choses entre un des humoristes les plus talentueux de sa génération et son analyse complotiste des attentats du 11-Septembre.
Un message unissant l’Orient et l’Occident bienvenu
Dans le contexte actuel de conscientisation aiguë de la violence faite aux femmes, nous pourrions également nous interroger sur la chanson d’Orelsan, évoquant la tromperie de sa petite amie, regorgeant de propos tous plus choquants les uns que les autres et ayant donné lieu à plusieurs années de procédures judiciaires. Et pourtant, le rappeur talentueux vient d’être consacré aux Victoires de la musique 2018.
A la polémique causée par les tweets de Mennel s’oppose la tournure prise par les événements, où l’extrême droite française dicte finalement le ton
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