L'informatique, c'est « un » ordinateur, « un » logiciel, « un » écran, « un » algorithme, « un » clavier et tout cela fonctionne plus facilement avec… « une » souris. Les formations d'informatique demeurent un univers où le masculin l'emporte largement. Ce qui n'empêche pas les « geekettes », comme les suffragettes en leur temps, de baliser le chemin vers l'égalité. Voici l'expérience de quelques-unes de ces jeunes femmes, qui ont donné leur témoignage au Monde.
Pour eux, les femmes ne sont là « que pour les quotas »
L'informatique fait partie des milieux où la présence des femmes surprend encore. Margaux L., 20 ans, étudiante en IUT d'informatique, raconte : « C'est un domaine encore un peu machiste. Si j'ai de bonnes notes, ou si je suis acceptée dans une filière sélective, c'est parce que je suis une fille. Autrement dit, si je suis là, ce n'est pas parce que je suis travailleuse ou bonne élève, mais parce que j'ai un chromosome X de plus ! », grince la future informaticienne. Mais lorsqu'il s'agit de rendre sa copie, hommes et femmes sont traités sur un pied d'égalité : « Mon apprentissage est le même que celui d'un garçon. Je remercie mes professeurs de ne pas faire la différence. »
Lire : Informatique : quelles formations pour avoir un emploi ?
Ingénieure en informatique, Marion X., 24 ans, se souvient également de cette bataille contre les rumeurs d'illégitimité qu'elle a dû mener quotidiennement. Entrée en école d'ingénieurs, elle ne compte plus les petites phrases insinuant que les femmes ne sont « là que pour les quotas ». « Mais ce sont finalement ces remarques qui m'ont donné la force et le courage de ne pas baisser les bras, comme une mission personnelle pour leur prouver que je suis aussi capable qu'eux. » Le sexisme de certains peut ainsi renforcer la motivation. Mais pour la jeune femme, évoluer dans un milieu encore majoritairement masculin a aussi ses avantages, comme celui « d'être entourée de personnes attentionnées et d'avoir plus facilement de l'aide. En définitive, c'est une chance réelle. »
Blagues salaces au quotidien
Même expérience pour Philippine L., en deuxième année de BTS informatique : « Mes camarades sont tous gentils et avenants avec moi. » Malgré son intégration réussie, Philippine regrette la lourdeur et les limites dialectiques de ses compères : « Leurs conversations sont principalement orientées sexe et jeux vidéo. C'est parfois pesant », concède d'une litote la jeune femme. Histoires salaces et humour de troisième mi-temps, « les blagues sexistes rythmaient mon quotidien, reconnaît Marion X. J'ai fini moi-même par prendre l'initiative de les lancer pour en contrôler le contenu ».
Naïs A., élève de l'école 42, à Paris, goûte avec plus de plaisir son virage vers l'univers geek. Dans sa première vie étudiante, au sein d'une école de communication, « pas moyen de passer une journée sans se sentir jugée sur la façon de s'habiller ». L'artifice n'étant pas en cour parmi les apprentis codeurs, Naïs se sent comme dans une oasis : « C'est toujours avec le sourire que je viens à l'école, et j'en pars difficilement. »
Marion D. a intégré une école d'informatique en septembre. Quatre autres filles suivent ce cursus essentiellement masculin, et elle dit n'avoir été confrontée à « aucun préjugé, ni propos sexiste ». « Ça s'améliore », mesure-t-elle. Doucement.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu