Lundi 1er mai, le tarif de la consultation standard chez le médecin généraliste passe de 23 à 25 euros (et à 30 euros pour les enfants de moins de 6 ans).
Cette revalorisation est la mesure la plus visible de la convention signée le 25 août 2016 entre les syndicats de médecins libéraux et la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) après six mois de négociations. Et jusqu’en juin 2018, il y aura d’autres hausses de tarifs, portant sur des consultations plus ciblées.
Pour la grande majorité des Français dotés d’une complémentaire, ce changement est indolore. La « Sécu » continue de prendre en charge 70 % du nouveau tarif, les mutuelles et les complémentaires remboursent le reste.
Seule la participation forfaitaire de 1 euro reste à la charge du patient. Les 3,3 millions de Français (environ 5 % de la population) qui n’ont pas de mutuelle devront en revanche débourser 0,60 euros supplémentaire à chaque consultation (7,50 euros de reste à charge au lieu de 6,90 euros).
« Crise profonde »
Pour limiter le poids financier de cette revalorisation (450 millions d’euros par an) sur les comptes de la « Sécu », la CNAM avait d’abord souhaité qu’elle se fasse en deux temps : un euro en avril 2017, puis un euro supplémentaire en avril 2018. Un échelonnement catégoriquement rejeté par les médecins.
Finalement programmée le 1er mai, entre les deux tours de l’élection présidentielle, cette hausse clôture un quinquennat de relations houleuses entre les médecins libéraux et la ministre de la santé Marisol Touraine autour de la mise en place du tiers payant obligatoire. Une promesse « de gauche » du candidat Hollande en 2012 que Mme Touraine a voulu honorer coûte que coûte, malgré l’hostilité des praticiens, qui y ont vu la « mort de la médecine libérale ».
« Deux euros sont loin d’être suffisants pour régler la crise profonde que traverse la médecine libérale aujourd’hui », a regretté, le 28 avril, dans un communiqué la Confédération des syndicats médicaux (CSMF), première organisation chez les libéraux (non-signataire de la convention), déplorant que les spécialistes ne bénéficient pas de cette hausse.
Progression des revenus des praticiens
Si la question des déserts médicaux et de l’attractivité de la profession est loin d’être réglée, le quinquennat ne se termine pourtant pas si mal pour les médecins généralistes.
La nouvelle convention devrait permettre une progression moyenne de leurs revenus de 16 000 euros par an. Et au vu des engagements des deux finalistes de la présidentielle, le tiers payant ne devrait finalement être mis en place que sur la base du volontariat.
Une fin de mandat qui fait étrangement écho à celui de Nicolas Sarkozy. Face à la colère des médecins, son gouvernement avait dû renoncer à mettre en place, en 2009, des mesures contraignantes pour lutter contre les déserts médicaux.
Et en avril 2010, après des élections régionales catastrophiques pour la droite, dans une tentative de réconciliation avec les médecins, Nicolas Sarkozy avait annoncé le passage du tarif de la consultation de 22 à 23 euros à partir du 1er janvier 2011. « Un geste qui n’avait pas empêché un vote sanction des médecins libéraux aux élections de 2012 », rappelle Patrick Hassenteufel, professeur de science politique à l’université Versailles-Saint-Quentin.
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