Marine Le Pen, candidate du Front national (FN) à l’élection présidentielle, a jugé dimanche 9 avril que la France n’était « pas responsable » de la rafle du Vél’ d’Hiv, en 1942 à Paris, au cours de laquelle plus de 13 000 juifs avaient été arrêtés avant d’être, pour la plupart, déportés puis exterminés dans des camps nazis.
Dans l’émission « Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », le journaliste Olivier Mazerolle l’a interrogée sur son programme prônant « la promotion du roman national et le refus de repentance ». Il lui a demandé si Jacques Chirac avait eu tort de prononcer son discours de 1995 sur le Vél’ d’Hiv, dans lequel il avait reconnu la responsabilité de la France. « Je pense que la France n’est pas responsable du Vél’ d’Hiv », a répondu la présidente du parti d’extrême droite. Avant de développer :
« Je pense que, de manière générale, plus généralement, d’ailleurs, s’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas la France. La France a été malmenée dans les esprits depuis des années. En réalité, on a appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer. De n’en voir que peut-être que les aspects historiques les plus sombres. Je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français. »
« Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen »
« En niant la responsabilité de l’Etat français sur le Vél’d’Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l’indignité et du négationnisme », a réagi sur Twitter Christian Estrosi, président Les Républicains de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen », a réagi sur BFM-TV Emmanuel Macron. « Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu’est le Front national aujourd’hui dans notre pays. Donc c’est une faute grave, ce qu’elle a fait, a jugé le candidat d’En marche !. Je pense que Jacques Chirac avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux. »
« Le crime fut commis par la France »
Le 16 juillet 1995, la France avait reconnu pour la première fois, par un discours historique de Jacques Chirac, son rôle dans cette rafle. « La France, patrie des Lumières et des droits de l’homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable, avait-il déclaré. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. »
En 2012, François Hollande avait réaffirmé la responsabilité de la France. « La vérité, c’est que le crime fut commis en France, par la France, avait-il souligné. Pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour l’ensemble de cette opération. » Avant d’ajouter : « Il ne peut y avoir, il n’y aura pas, dans la République française, de mémoire perdue. »
Dimanche, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont également réagi aux déclarations de Mme Le Pen, dans des communiqués séparés, dénonçant « des propos révisionnistes ».
La candidate du FN s’est défendue dans un communiqué publié dimanche dans la soirée. « Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation et que le régime de Vichy n’était pas la France. C’est une position qui a toujours été défendue par le chef de l’Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus », écrit-elle dans ce texte, dans lequel elle qualifie le régime de VIchy de « régime collaborateur et illégal ».
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