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Quand l’université aide les étudiants réfugiés à s’intégrer

Depuis octobre 2015, le programme d’accueil de l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne accueille des étudiants réfugiés.

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Publié le 29 avril 2017 à 07h44, modifié le 29 avril 2017 à 07h56

Temps de Lecture 3 min.

Ce matin de février, dans son bureau de la direction des relations internationales de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, Amelle Bekhada, coordinatrice du programme d’accueil des étudiants réfugiés, reçoit Ghaees. Cet étudiant syrien de 28 ans a fui son pays pour échapper aux persé­cutions du régime de Bachar Al-Assad. Après avoir obtenu le statut de réfugié en 2015, il est inscrit en première année de gestion.

Ce jour-là, il doit adresser une demande de bourse au Crous et veut vérifier que son dossier est complet. Après s’en être assurée, la trentenaire aide l’étudiant à ­rédiger le courrier qui accompagne sa demande. Elle s’enquiert de sa recherche de stage auprès d’un organisme de recyclage. A peine a-t-il quitté la pièce que son compatriote Hesham, 29 ans, inscrit en L2 d’économie, entre à son tour, pour évoquer des problèmes de santé et des questionnements sur son orientation. Son interlocutrice lui décroche deux rendez-vous, avec la médecine universitaire et avec le service d’orientation de Paris-I.

Bourse et aide au logement

Amelle Bekhada reçoit quotidiennement quatre ou cinq étudiants réfugiés dans le cadre de ce programme d’accueil. « Mon travail est de les accompagner, ce qui inclut des missions très ­variées : je dois tantôt faire face à des problèmes d’orientation, tantôt les épauler, les orienter dans leurs démarches auprès des administrations », explique celle qui est souvent leur première interlocutrice au sein de l’université.

Paris-I a mis en place ce dispositif d’accueil des étudiants réfugiés en octobre 2015. Ils étaient 65 à faire leur rentrée cette ­année-là ; ils sont aujourd’hui plus de 130, de treize nationalités différentes – mais en majorité ­syriens – à bénéficier de ce programme financé par le Qatar à hauteur de 600 000 euros par an. Une somme principalement ­allouée au logement et au versement de bourses.

Ceux-ci ont le choix entre deux parcours. « Dans le premier, les 50 étudiants non francophones suivent une formation intensive en français langue étrangère (FLE), pour leur permettre de se mettre à niveau, avant de pouvoir s’inscrire dans un cursus diplômant », ­détaille Amelle Bekhada. Ils sont également accompagnés par des tuteurs étudiants, suivent des ateliers d’introduction aux différentes disciplines, et des aides leur sont proposées pour leurs démarches administratives. « Le second parcours, destiné aux 80 étudiants francophones, permet une inscription dans un cursus diplômant, un perfectionnement en français et un soutien personnalisé », poursuit la coordinatrice.

A mesure que le programme s’est mis en place, les contours de la fonction d’Amelle Bekhada se sont dessinés. « On a appris en faisant, dit-elle aujourd’hui. Au ­départ, on pensait faire de la gestion de scolarité classique, mais nous avons dû aller bien au-delà : certains de nos étudiants faisaient remonter de graves problèmes de logement, de santé, ne mangeaient pas à leur faim ou étaient à la rue… Il a fallu rapidement changer notre cœur de métier, ­apprendre à se tourner vers les bonnes personnes et, surtout, comprendre que pour que ces jeunes réussissent, il fallait que leurs besoins basiques soient assurés. »

« Des parcours incroyables »

Pour cela, la jeune femme travaille en réseau avec toutes les composantes de l’université : l’administration, les enseignants en FLE, ceux des différents cursus, les associations étudiantes comme Sorbonne solidaire, qui épaule les arrivants. Elle échange également avec des services de santé, des associations qui peuvent aider les demandeurs d’asile sur le plan juridique ou soutenir ceux qui ont été victimes de torture. « Beaucoup ont des parcours incroyables, ils ont dû fuir parce qu’ils défendaient leurs idées chez eux. En arrivant ici, ceux qui repartent de zéro se démènent avec un courage et une combativité qui forcent l’admiration », commente Amelle Bekhada.

Depuis l’automne 2015, elle a vu nombre de jeunes progresser en français de manière fulgurante et poursuivre des études qu’ils avaient parfois dû interrompre pendant plusieurs années. ­« Désormais, certains sont sur les rails. Ils passent la tête pour saluer ou annoncer une bonne nouvelle. Nous avons la satisfaction, cette année, de voir trois étudiants du programme soutenir leur ­mémoire de master 2. »

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