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Manifestations du 1er-Mai : six policiers blessés à Paris, les syndicats ont défilé en ordre dispersé

Loin de faire bloc comme en 2002 contre le Front national, les syndicats ont célébré la fête des Travailleurs en ordre dispersé. Dans la capitale, des heurts ont éclaté avec les forces de l’ordre.

Par , ,  (Lille, correspondance),  (Besançon, correspondant) et

Publié le 01 mai 2017 à 12h58, modifié le 01 mai 2017 à 22h54

Temps de Lecture 6 min.

Les uns ont appelé à « faire barrage » à Marine Le Pen, les autres à plébisciter Emmanuel Macron et d’autres encore à « battre les deux candidats ». Loin de faire bloc comme en 2002 contre le Front national, les syndicats ont célébré le 1er-Mai de 2017 en ordre dispersé. Selon le ministère de l’intérieur, près de 142 000 personnes ont défilé lundi dans toute la France. La CGT, elle évoque, plus de 280 000 personnes présentes dans les cortèges.

A Paris, les manifestations ont notamment été marquées par des heurts entre les forces de l’ordre et des membres de Black Bloc, des activistes autonomes.

  • Entre les places de la République et de la Nation à Paris : six policiers blessés
Des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et des Black Bloc, lundi 1er mai à Paris.

Plusieurs cortèges s’étaient donné rendez-vous à la même heure, 14 h 30, pour manifester. Mais pas avec les mêmes mots d’ordre…

La CGT, la FSU, Solidaires et FO ont manifesté de la place de la République à celle de la Nation, pour réclamer qu’on en finisse « avec les reculs sociaux qui font le terreau de l’extrême droite ». Les trois premières organisations ont appelé à « faire barrage » à Marine Le Pen, sans pour autant inviter ouvertement à voter pour le candidat d’En marche !. Force ouvrière s’est abstenue de donner une consigne, fidèle à sa tradition d’indépendance vis-à-vis des partis politiques. 30 000 personnes ont manifesté dans Paris selon la préfecture de police, 80 000 selon la CGT.

Selon notre journaliste Abel Mestre, des heurts ont eu lieu en milieu d’après-midi en tête de cortège, où des activistes Black Bloc se sont positionnés devant les organisations syndicales en début de manifestation. Ils ont été séparés du reste du cortège par les forces de l’ordre, sur lesquelles des projectiles et des coktails Molotov ont été lancés. Les CRS ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène pour disperser la foule.

Six policiers ont été blessés, selon la préfecture de police. Le ministre de l’intérieur, Mathias Fekl, avait auparavant évoqué quatre blessés, « dont un a été gravement touché à la main, et un autre sérieusement brûlé au visage ». M. Fekl a condamné « avec la plus grande fermeté les violences intolérables commises à l’encontre des forces de l’ordre » dans la capitale.

Selon un communiqué de la préfecture de la police, qui évalue à 150 le nombre de personnes qui « se sont masquées et ont commis des dégradations », cinq individus ont été interpellés, dont deux placés en garde à vue.

  • Au métro Jaurès, à Paris : « L’urgence est de battre Marine Le Pen »

En fin de matinée, dans le 19e arrondissement de Paris, la CFDT et l’UNSA avaient, eux, appelé à voter pour Emmanuel Macron afin de « rejeter la vision réactionnaire et identitaire du Front national ». Notre journaliste Pierre Bouvier était sur place et suivait le rassemblement sur son compte Twitter.

Vanessa Jereb, secrétaire nationale à l’emploi et l’économie de l’UNSA, regrette que les syndicats soient désunis aujourd’hui :

« J’ai le sentiment d’une lassitude, comme si on ne pouvait pas mettre de côté nos différences, donner des messages simples comme faire barrage au FN et voter pour Macron. Et ensuite redescendre dans la rue si nécessaire. Voter pour lui, ce n’est pas lui faire un chèque en blanc. »

  • A Nantes : un défilé, plusieurs mots d’ordre

Place de la République à Nantes, les drapeaux de la CGT, FO, la FSU et Solidaires étaient de sortie ce matin. Ces centrales, déjà unies pour s’opposer à la loi travail, ont appelé à « faire barrage » à Marine Le Pen, sans pour autant inviter ouvertement à voter pour son adversaire. Comme à Paris, la CFDT s’est rassemblée à part, note notre journaliste sur place.

En ce 1er-Mai particulier, sur les 4 200 personnes qui ont manifesté, certains ont défilé avec des banderoles syndicales, d’autres sans. Comme Natacha et Nolwenn, venues avec leurs enfants, qui n’ont pas 10 ans à eux trois. Toutes les deux voteront Macron dimanche. « Mais ça ne fait que quelques jours que je me suis décidée, confie Nolwenn. Marine Le Pen au pouvoir, ce serait une tragédie. » « Courage luttons », peut-on lire sur sa pancarte.

  • A Rennes et Marseille… : on est loin de l’affluence de 2002

Plusieurs milliers de personnes (4 800 selon la préfecture de police) ont quitté le Vieux-Port de Marseille en fin de matinée derrière des drapeaux CGT, mais aussi FSU, Solidaires et SUD. Au mégaphone, les militants syndicaux appelaient les manifestants à célébrer ce « troisième tour social ».

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A Rennes, 5 000 personnes selon la CGT, 3 200 selon la préfecture, ont défilé derrière des slogans comme « Français, immigrés, même patron, même combat ». La manifestation s’est terminée en début d’après-midi, comme l’a constaté notre journaliste sur place, Nicolas Legendre.

  • A Lille : rares sont ceux qui voteront Macron

Une exception à Lille : le syndicat de Laurent Berger, qui a appelé à voter Macron le 7 mai, a défilé avec les autres organisations syndicales. Christine Carlier, secrétaire générale de l’union locale CGT, a rappelé qu’« historiquement, à Lille, il y a une intersyndicale solide, on travaille ensemble ». Selon la police, 1 300 personnes ont manifesté dans la capitale du Nord, en dépit d’une météo maussade, contre 950 en 2016.

Mais dans les rangs des syndicats, en tête de cortège, rares sont ceux qui voteront Macron. « On est là premièrement pour faire barrage au FN. Et, quel que soit le résultat dimanche prochain, il faudra être dans la rue pour imposer le progrès social », insiste Christine Carlier, casquette noire et grands yeux bleus.

Didier Donte, secrétaire général de l’UD CFDT Métropole lilloise est en pleine réflexion : « Je ne sais absolument pas ce que je vais faire dimanche. Personne autour de moi ne votera Le Pen, mais de là à aller voter Macron… »

Pour SUD Solidaires 59/62, Michel Mercier votera « normalement blanc ou nul mais il reste encore huit jours… » Bonnet sur la tête, le syndicaliste de 73 ans n’est pas prêt à voter Macron après avoir voté Mélenchon. Pour le délégué UNSA, Jan-Claude Charlet, il y a moins d’hésitation : « Je sais contre qui je vais voter : je vais voter contre les forces antidémocratiques. A défaut de sauter de joie dimanche prochain, on espère ne pas pleurer de honte. »

Président de la section locale de l’UNEF, Anouar Benichou, étudiant en économie de 21 ans, est prêt à voter Macron car il est « républicain ». « Mais je suis marocain, je n’ai pas le droit de voter en France. » Anouar Benichou, choqué par la présence de Marine Le Pen au second tour, compte sur son entourage pour faire barrage au « programme raciste, xénophobe et islamophobe du FN ». En 2002, 40 000 personnes avaient défilé contre le Front national à Lille. Cette année, les rangs sont bien plus clairsemés.

  • A Besançon : la colère prédomine

A Besançon, le lieu de rassemblement est symbolique : place de la Révolution. La banderole de la CGT qui ouvre, peu après 10 h 30, le cortège d’environ un millier de personnes, annonce la couleur : « J’aime pas le bleu marine, ensemble contre l’imposture sociale du FN. » Il y a là SUD Solidaires, la FSU, la Fédération anarchiste, la France insoumise, le NPA, Lutte ouvrière. Quelques associations, en particulier de défense et d’accueil des réfugiés, sont présentes. Manquent à l’appel la CFDT et FO. Ces syndicats ne défileront pas.

Lorsqu’on parcourt les rangs de la manifestation, c’est le grand désarroi et la colère qui prédominent. « Contre la milliardaire d’extrême droite et contre le larbin des banquiers », résume une pancarte bricolée par un militant de LO qui, à l’unisson du cortège, ne veut évidemment ni de l’une ni de l’autre.

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