Dans les années 1940-1950, recourir au crédit n’était pas dans les mœurs et on m’a inculqué très tôt l’importance d’avoir un travail et de ne pas vivre au-dessus de ses moyens pour ne dépendre financièrement de personne. A cette époque-là, les classes étaient nombreuses mais quel que soit leur milieu social, les élèves parlaient et écrivaient correctement le français à la fin de leur scolarité ; le chômage était rare et la retraite à 65 ans ne choquait personne. Quand François Mitterrand a été élu en 1981 et qu’entre autres mesures, il a pris celle de baisser l’âge de la retraite à 60 ans, on savait déjà que l’allongement de la durée de la vie et la progression du chômage poseraient vite des problèmes de financement.
Récemment, en papotant avec deux jeunes techniciens venus remplacer mon modem défaillant, je me suis aperçue avec stupéfaction qu’ils n’avaient pas la moindre idée du montant de la dette française et quand je leur ai annoncé le chiffre de 2 200 milliards d’euros et demandé comment ils pensaient qu’on allait les rembourser, ils ont naïvement évoqué la fraude fiscale et ce que sa pénalisation rapporterait.
Les partisans de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon sont dans la même navrante ignorance dont il y a lieu de croire qu’elle est partagée par ces leaders extrémistes eux-mêmes et par d’autres candidats souverainistes, ainsi que par beaucoup de journalistes qui, comme François Hollande l’a si bien dénoncé, ne s’intéressent qu’au spectacle sans s’occuper du contenu. Les journalistes plus sérieux écrivent dans des revues et des journaux que la plupart des gens n’a ni les moyens ni la curiosité de lire.
Malgré tout, il est surprenant que tant de Français croient encore au Père Noël et ne se posent pas de questions sur des propositions aussi irréalistes que, par exemple, le retour de la retraite à 60 ans ou le remboursement intégral des soins médicaux alors que les assurances vieillesse et maladie sont déficitaires.
Des dépenses supplémentaires
N’est-il pas curieux que nous soyons le seul pays au monde à être passé aux 35 heures et à vouloir diminuer encore le temps de travail, sans nous interroger sur l’inexorable progression du chômage que cette mesure était censée diminuer ?
Jean Tirole, notre Prix Nobel d’économie que tous les électeurs devraient lire, répondrait que le travail ne se partage pas, ce que les idéologues de gauche refusent de comprendre. Comment expliquer que notre service public pose tellement de problèmes, alors que notre dépense publique est plus élevée que celle de nos voisins ?
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