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Les résultats du premier tour de la présidentielle 2017 vus par la presse internationale

De New York à Singapour en passant par Madrid, les médias étrangers évoquent un scrutin historique et voient déjà Emmanuel Macron à l’Elysée.

Le Monde

Publié le 24 avril 2017 à 05h56, modifié le 24 avril 2017 à 10h15

Temps de Lecture 6 min.

Les premières pages du quotidien britannique Daily Mail et du quotidien belge Le Soir du 24 avril.

Même si certains quotidiens étrangers, à l’image du South China Morning Post, ne l’ont traité qu’à travers les dépêches d’agence AFP ou Reuters, les journaux du monde entier ont tous évoqué, lundi 24 avril, le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française. De nombreux médias ont envoyé des journalistes en France pour couvrir un scrutin dont les circonstances, les candidats et les conséquences sur l’avenir de l’Europe ont fait un événement international.

Le décalage horaire favorable a permis aux titres de la presse américaine de livrer leurs analyses rapidement. Le New York Times a assuré un live tout au long de la journée qui a fait du « novice politique » Emmanuel Macron (En marche !) et de « l’exaltée de l’extrême droite » Marine Le Pen (Front national) les deux qualifiés pour le second tour dimanche 7 mai.

« Le résultat a été un rejet retentissant des partis traditionnels, plaçant le pays sur un chemin incertain à un moment critique où l’élection française pourrait aussi décider de l’avenir de l’Union européenne », explique le quotidien à ses lecteurs.

Le chef du bureau londonien du Times assure que l’issue de ce premier tour est « une bonne nouvelle pour les centristes proeuropéens » et « une mauvaise nouvelle pour Moscou » tout en se demandant si l’ancien ministre de l’économie de François Hollande saura gouverner ou « s’il sera un autre président français réformateur à échouer ?  »

Le site politique spécialisé Politico voit plus loin que ce premier tour, estimant que si celui qu’il appelle « le banquier juvénile » l’emporte, son élection pourra être interprétée comme le renversement de la tendance populiste qui s’est emparée de l’occident en 2016. L’âge de M. Macron (39 ans) a également retenu l’attention du Los Angeles Times. Le journal californien souligne qu’il deviendrait un leader plus jeune encore que Louis-Napoleon Bonaparte (40 ans en 1848).

Au Canada, La Presse considère que « ce premier succès récompense le pari très audacieux » de l’ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée. Le quotidien de Montréal, où des électeurs ont dû patienter des heures pour voter samedi, ajoute que « contrairement à il y a quinze ans, la qualification de la candidate du Front national n’est pas une surprise. »

Le parti de François Mitterrand au bord du gouffre

En Amérique latine aussi, le premier tour a été commenté. Au Chili, La Tercera a présenté à ses lecteurs M. Macron comme « l’outsider de la politique française » et a consacré un article à la déroute du parti socialiste, titré « le parti de François Mitterrand au bord du gouffre ».

Chez le voisin argentin, Clarin rappelle que le second tour fera forcément l’histoire en installant à l’Elysée le plus jeune président de la Ve République ou la première femme présidente.

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Mais c’est de ce côté de l’Atlantique que l’élection a le plus fait parler. C’est aussi là que M. Macron semble avoir le plus de supporters. Au Royaume-Uni, la BBC revient sur le parcours atypique d’un politicien jamais élu qui a su « capter l’air du temps » et trouver un « réservoir de sympathisants parmi les jeunes, ceux ayant perdu leurs illusions mais restés optimistes et les anticyniques ».

« Par son énergie, sa jeunesse et son incomparable charme et éloquence, il a réussi un coup politique qui restera dans les annales », s’enflamme la chaîne de télévision. Le média britannique souligne toutefois la chance du candidat, aidé par les déboires judiciaires du candidat de la droite François Fillon et la division de la gauche. Il s’inquiète aussi des potentielles difficultés à venir en cas d’élection : quid des législatives et d’une éventuelle coalition ?

Une analyse partagée par le Financial Times. Le quotidien financier prévoit le « couronnement » de M. Macron tout en assurant qu’il sera forcé de « négocier durement » pour mettre son programme en œuvre.

« L’heure des insurgés du centre »

En Espagne, El Pais fait preuve d’un enthousiasme certain pour le « nouveau golden boy de la politique européenne » qui « frappe à la porte de l’Elysée ». Le journal parle de « l’espoir Macron » alors qu’a sonné « l’heure des insurgés du centre » en réponse aux populismes. Ce ne serait pas la démocratie qui est en crise, analyse le quotidien mais les partis traditionnels. « Le succès du centriste est une grande nouvelle pour la France et l’Europe », y est-il écrit dans un éditorial.

« L’Europe respire à nouveau », titre d’ailleurs le tabloïd allemand Das Bild sur son site Internet, soulignant la première place du candidat le plus européen des onze participants à l’élection. Même si « rien n’est impossible pour l’enfant prodige », tempère Die Frankfurter Allgemeine Zeitung, la France est « déchirée » et le résultat du 23 avril témoigne d’une « radicalisation de la vie politique. »

« Le pays vote pour un changement en profondeur », analyse le quotidien suisse Le Temps.

« Le premier tour de la présidentielle française est sans appel : le pays vote pour un changement en profondeur, analyse Le Temps dans un éditorial. Les Français ont confirmé que la vague de mécontentement qu’ils nourrissent depuis des années n’irait pas s’écraser mollement sur les rivages habituels des soirs d’élection. Elle va transformer durablement les contours du pays (...) Mais cette tension créée autour du duel issu des urnes montre que le logiciel politique de la Ve République est cassé. La rage contre les partis traditionnels, la désillusion vis-à-vis de politiciens corrompus et la volonté de tenter autre chose ont mené à la désignation des deux personnalités hors-norme pour s’affronter au second tour », continue le journal suisse très sévère vis-à-vis du parti de Mme Le Pen, « retranchée derrière ses frontières et ses vieux mythes ».

« Avec le Front national, ce sont les descendants de la France collaborationniste et de l’Algérie française qui se trouvent aux portes du pouvoir. Le choix final des Français changera leur pays mais aussi la face du monde », affirme ce texte.

L’autre grand quotidien francophone du pays, La Tribune de Genève, voit dans la première place de M. Macron « la victoire d’un ovni » mais met en garde contre l’échec de son mandat en cas d’élection le 7 mai. « Sinon, le FN arrivera au pouvoir tôt ou tard », annonce le journal.

Pour le titre belge Le Soir, les Français « ont fait leur révolution, balayant, à la Trump, les partis et les hommes politiques traditionnels, de gauche comme de droite, pour mettre face à face deux personnalités hors système ». L’avenir de la France, décrite « comme un pays dépressif et en colère », passera aussi par le « troisième tour », prédit Le Soir, faisant allusion aux élections législatives de juin prochain.

La une du quotidien belge Le Soir.

En Italie, le Corriere della Serra offre une analyse assez proche : si le score de M. Macron est « un signe de renouveau et de la confiance dans un projet européen (…), le contexte n’autorise pas l’enthousiasme et les jours à venir seront incertains ».

Tremblement de terre politique et statu quo

Dans le quotidien israélien Haaretz (centre gauche), le journaliste Anshel Pfeffer insiste sur le refus du candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon d’appeler clairement à faire barrage à Mme Le Pen. Selon lui, la France illustrerait ainsi une évolution plus générale dans les démocraties libérales.

En effet, « la politique en Occident n’est plus une affaire de gauche contre droite. La ligne de division, écrit-il, est de plus en plus entre les responsables politiques centristes, qui sont ouverts sur le monde et n’entendent pas la mondialisation comme un mot sale, et ceux qui étaient autrefois aux marges du spectre politique, qui veulent sortir leur pays des alliances internationales pour qu’il épouse à nouveau de vieilles orthodoxies, que ce soit le nationalisme ou l’internationalisme socialiste archaïque, qui est simplement un mot de passe pour l’anti-américanisme et la fascination pour des dictateurs révolutionnaires du tiers-monde. »

A 17 000 kilomètres de Paris, le Sydney Morning Herald est revenu sur l’actualité de dimanche soir avec ironie. « Faites confiance aux Français pour rendre les choses compliquées », s’amuse le quotidien australien. « Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle est un tremblement de terre politique qui aboutira très probablement à la victoire du candidat du statu quo. C’est un triomphe pour l’extrême droite qui va montrer qu’elle est toujours fondamentalement incapable d’être élue, » poursuit-il.

The Straits Times, un journal singapourien, croit voir quant à lui une « bataille brutale à l’horizon ». Mme Le Pen sait mieux faire campagne que son rival, dit le quotidien. Elle peut aussi s’appuyer sur des sympathisants disciplinés quand ceux de son concurrent sont moins loyaux, peut-on y lire. Par ailleurs, une faible participation, alors que de nombreux électeurs ne se reconnaissent dans aucun des deux candidats, la favoriserait. « La réalité, c’est que tout le système politique est en train de s’écrouler », conclut le quotidien.

Le Monde

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