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« La quête effrénée de flexibilité n’est pas terminée »

Pour Guy Standing, les précaires constituent une nouvelle classe sociale qui progresse et où la colère monte.

Propos recueillis par 

Publié le 23 février 2017 à 09h22, modifié le 01 mars 2017 à 16h31

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« Le Précariat. Les dangers d’une nouvelle classe », de Guy Standing (traduction Mickey Gaboriaud). Les Editions de l’Opportun, 460 pages, 22 euros.

L’économiste britannique Guy Standing, auteur du best-seller Le Précariat. Les dangers d’une nouvelle classe (éd. de l’Opportun, 460 p., 22 euros) ­publié en France le 23 février, alerte sur les dangers de la montée du précariat.

Vous écrivez que la course à la flexibilité sur le nombre de salariés, sur leur fonction, sur leur salaire a donné naissance à une nouvelle classe sociale, qui représenterait déjà, dans de nombreux pays, un quart de la population adulte. Qu’entendez-vous par « précariat » ?

Le mot « précariat » désigne une nouvelle classe sociale en formation. Car c’est un groupe de personnes qui occupent une place particulière dans les relations de travail et le processus de production, qui ont une source de revenus singulière et un rrapport à l’Etat qui leur est propre. Ils sont habitués à accepter une vie d’instabilité et d’insécurité du travail, dans toutes leurs nouvelles formes.

Contrairement aux prolétaires, ils ne bénéficient pas du contrat social. Ils sont privés de sécurité professionnelle (d’emploi, de ­revenu, de représentation…). Pas de protection contre les renvois arbitraires, pas de possibilité de conserver un poste, pas de syn­dicat pour les représenter ni de droit de grève.

Mais le plus important est qu’ils n’ont pas d’identité professionnelle stable. Dans le précariat se retrouvent tous les travailleurs temporaires et les travailleurs à temps partiel des catégories intermédiaires. Ils n’ont pas de communauté professionnelle, ne sont rattachés ni à une entreprise, ni à un corps de métier.

Les précaires passent sans cesse d’une fonction à une autre. Ils n’ont pas de contrôle sur l’évolution de leur travail ni sur leur parcours professionnel. Ils ne savent plus qui ils sont. Leur niveau de qualification est bien souvent supérieur aux besoins de leur emploi. Ils doivent faire un tas de choses en plus de leur travail pour lesquelles ils n’ont pas de revenu : se former, entretenir leurs réseaux, candidater à de nouvelles fonctions, alors même qu’ils sont tributaires de l’évolution du prix de leur travail, qui baisse partout dans les pays occidentaux. Enfin, dernière caractéristique, c’est une classe qui perd des droits sociaux, civils, économiques, en comparaison des autres citoyens.

Vous affirmez que l’augmentation du nombre de précaires est le produit de la mondialisation. Comment l’évolution du management a développé le précariat ?

Durant l’ère de la mondialisation (1975-2008), l’économie a été désencastrée de la société. La mondialisation a été liée au libéralisme. Elle a libéralisé les marchés financiers et le marché du travail, augmentant soudain le « pool » de travailleurs de 2 milliards de personnes, en quête de revenus très inférieurs aux sa­laires britanniques ou français, par exemple.

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