Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Comment nommer le sexe des enfants ?

Le traitement différencié souvent réservé au « zizi » et à la « zézette » en dit long sur le rapport contrarié que nous entretenons avec la sexualité des enfants, remarque Maïa Mazaurette, chroniqueuse pour « La Matinale du Monde ».

Par 

Publié le 21 mai 2017 à 06h42, modifié le 21 mai 2017 à 12h12

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

LE SEXE SELON MAÏA

L’affaire a défrayé le chronique il y a quelques semaines : dans son livre consacré au corps des enfants (Quand ça va, quand ça va pas, paru aux Editions Clochette), le médecin animateur, star de France 5, Michel Cymes, réservait un traitement radicalement différent au sexe des petits garçons et à celui des petites filles.

Si le zizi était détaillé jusqu’aux gland, scrotum et prépuce, son équivalent féminin ne bénéficiait que du minimum syndical – un dessin anatomique moins précis, une description expéditive, une dénomination ésotérique. Citation : « Quand on est une fille, on a une zézette ou cocotte ou minou ou féfesse… chacun donnant le nom qu’il veut à cette partie très intime du corps. » (Notons ce « chacun » de genre masculin.)

Face à une polémique pourtant archiprévisible, l’animateur a jugé opportun de traiter sur Twitter ses lecteurs de « malades ». Il a depuis quitté ce réseau social, trop haineux et agressif à son goût (c’est sûr qu’en psychiatrisant les personnes abonnées à son compte, le dialogue était mal entamé).

Ici, et c’est un comble, non seulement on traite par-dessus la jambe le sexe des fillettes, mais on adresse le même je-m’en-foutisme à celles et à ceux qui réclament une éducation raisonnablement égalitaire (pour tout vous dire, par respect pour ma « cocotte », je préfère faire partie des « malades » que des bien portants). Quant à l’éditrice, elle a argué que les petites filles étaient trop jeunes pour entendre parler de leur clitoris… alors même que la page consacrée au pénis explique que, « parfois, le zizi devient dur ».

Hypocrisie consommée

Ce double traitement, extraordinairement désuet et pourtant assumé, en dit long sur le rapport contrarié que nous entretenons avec la sexualité des enfants. Protection… ou chape de plomb ? Personne ne s’émeut d’un petit garçon qui tire sur son pénis, alors qu’une petite fille se verra souvent interdire de se toucher « là ». En animalisant la vulve (« minou », « cocotte »), en la confondant avec une autre zone (« féfesse »), on crée du trouble là où se trouvent des organes.

C’est évidemment très grave. Non seulement pour la fillette qui s’imprègne de l’omerta ambiante – « passe ton chemin, y’a rien à voir ». Mais aussi pour le garçonnet qui grandit avec l’idée que si son sexe est dicible, montrable et érectile, alors il est forcément supérieur à l’indicible, immontrable et finalement inexistant sexe féminin – le même entrejambe lisse qu’il peut observer sur les poupées ou sur les mannequins des vitrines… et qui se retrouve à une fente près dans la pornographie grand public, voire sous le bistouri des chirurgiens esthétiques.

Il vous reste 63.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.