La campagne officielle pour le premier tour de l’élection présidentielle prend officiellement fin vendredi 21 avril à minuit. Alors que le scrutin approche à grand pas, de fausses informations en tout genre circulent sur les réseaux sociaux. Retour sur les dernières et les plus marquantes.
1. « Les résultats du vote »… avant le vote
Le site peu fiable WikiStrike a publié, le 19 avril, un curieux article annonçant des « résultats du premier tour » de la présidentielle, soit quatre jours avant le scrutin.
« WikiStrike vous révèle en exclusivité les scores du 1er tour de l’élection basés sur les bulletins de vote électronique dépouillés aux USA, en face du QG de la CIA », lit-on dans l’article, qui précise que « ceci n’est pas de la fiction ».
Deux faits très concrets balaient pourtant complètement les affirmations contenues dans l’article :
- Il n’y aura pas de vote électronique pour la présidentielle française 2017 (pas plus que pour les législatives) ;
- Les Français qui habitent en Amérique voteront certes en avance cette année, mais le samedi 22 avril. Bien malin qui annonce détenir le résultat de leur vote…
2. Des révélations sur un prétendu « compte offshore de Macron » basées sur… rien
Le site Europe Israël, connu pour relayer de fausses informations, affirme dans un article publié le 19 avril que Le Canard enchaîné aurait renoncé à publier cette semaine un article annonçant qu’« Emmanuel Macron serait le propriétaire d’un compte offshore ».
Alors qu’il entend révéler une information fracassante, cet article ne cite aucune source à l’origine de ses affirmations. Il ne donne par ailleurs aucune précision sur la nature du prétendu compte offshore du candidat. Ce qui n’a pas empêché la rumeur d’être partagée des milliers de fois sur Facebook et Twitter par des comptes militants.
Contactée, la direction de la rédaction du Canard enchaîné dément complètement ces affirmations.
Le site Europe Israël a déjà relayé au moins deux fausses informations grossières sur Emmanuel Macron pendant cette campagne : l’une affirmait qu’il aurait « effacé une dette fiscale » du Canard Enchaîné, l’autre que sa campagne était financée par l’Arabie saoudite à hauteur de 30 %, sur la foi d’un article inventé de toutes pièces.
3. Un pseudo-sondage qui donne François Asselineau gagnant dès le premier tour
Une page Facebook de soutien à François Asselineau relaie, dans un message sponsorisé sur le réseau social, un prétendu sondage qui donne le candidat gagnant dès le premier tour de l’élection présidentielle, avec pas moins de 56,91 % des voix :
Il s’agit en fait du site Candidat-2017.fr, que François Asselineau avait évoqué le 12 avril sur France Info : « Sur le site Candidat-2017.fr, j’arrive en tête avec Mélenchon », se félicitait-il.
Loin d’être un sondage, ce site propose aux internautes de voter pour un candidat, sans effectuer de contrôle sur l’authenticité des votes ni offrir aucune garantie que ses résultats reflètent les intentions de vote réelles des électeurs français. Il n’a donc aucune valeur scientifique.
4. Predicto, l’étude douteuse qui place Jean-Luc Mélenchon largement en tête
Le site Lagauchematuer.fr, connu pour relayer de nombreuses fausses informations, a publié vendredi 20 avril un article qui annonce qu’un « institut de sondage » annonce « Mélenchon et Le Pen » en tête au premier tour de l’élection présidentielle.
Loin d’être menée par un « institut de sondage », cette étude, Predicto, est en fait une mesure réalisée par l’entreprise Décider et Entreprendre. L’article dit notamment ceci :
« Le Predicto se fonde sur une analyse sémantique des tweets reçus sur les comptes officiels des candidats. Il évalue algorithmiquement l’engagement de chaque auteur et en déduit une moyenne générale applicable au candidat. Le score global des candidats, affiché sur l’outil, correspond donc à une estimation pondérée de l’adhésion de la communauté virtuelle à chaque personnalité. »
Le problème, c’est qu’une étude de ce type ne peut en aucun cas être comparée aux sondages d’opinion classiques. La commission des sondages s’est émue, début avril, de ces relevés qui sont « abusivement » présentés comme des sondages. Son communiqué visait notamment la reprise d’études comme Filteris ou Brand Analytics, elles aussi basées sur le « bruit sur les réseaux sociaux ».
Si les sondages traditionnels présentent de nombreux biais et incertitudes qui font qu’on ne peut les considérer comme des prédictions des résultats d’un vote, les études basées sur l’analyse des réseaux sociaux n’offrent pas plus de garantie de refléter correctement le choix des électeurs. Elles peuvent donner des indicateurs intéressants sur le déroulement d’une campagne sur les réseaux sociaux, mais ne mesurent en aucun cas des intentions de vote.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu