Que signifie ce nouveau règlement pour les particuliers ?
La période du chèque en blanc sur les données est terminée. Les consommateurs ne veulent plus que leurs données soient pillées. Aujourd’hui, la dissymétrie est trop grande entre les GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] et les citoyens. Ce règlement permet de renforcer les droits des individus par rapport aux grands acteurs économiques de l’Internet.
L’esprit, c’est de créer un marché européen des données, de donner une vision commune de la protection des données personnelles. Ce règlement s’inscrit dans une double inspiration : alléger considérablement le contrôle a priori et responsabiliser les responsables de traitement, qui doivent prouver qu’ils protègent correctement les données.
Mais le ciblage, qui sera désormais plus encadré, permet aussi à la publicité d’être moins intrusive et donc plus utile pour les utilisateurs…
Il y aura un équilibre à trouver entre les besoins des acteurs et le désir des consommateurs de reprendre la main sur leurs données. Ce n’est pas pour rien que l’on a vu les bloqueurs de publicité se développer fortement. Demain, nous aurons la capacité d’aller voir ces moissonneuses de données et d’ouvrir leur capot pour voir comment cela fonctionne.
Cette réglementation ne risque-t-elle pas de nuire à la compétitivité des entreprises européennes ?
Je ne le crois pas. Depuis l’affaire Snowden, il y a un déficit de confiance vis-à-vis de certains services numériques. Nous sommes tous consommateurs de ces services, mais les individus demandent de plus en plus à maîtriser leurs données, toutes les enquêtes le montrent.
L’Europe a fait le choix de s’inscrire dans cette tendance et d’anticiper un mouvement qui sera mondial. Elle se donne les moyens d’une innovation plus durable. Depuis deux ou trois ans, on assiste au développement de dashboards [tableaux de bord], qui permettent de mieux paramétrer et contrôler ses données. Certaines start-up intègrent la protection de la vie privée dès la conception de leur produit ou en font un argument de vente.
Les géants du Net n’en sortiront-ils pas favorisés par rapport aux entreprises européennes ?
Au contraire. Ce règlement remet les acteurs internationaux à égalité de concurrence : même s’ils ne sont pas établis en Europe, dès lors qu’ils ciblent un utilisateur européen, la loi européenne s’applique. Si ces géants du Net veulent rester sur le continent, ils n’auront pas d’autre choix que de s’y soumettre. D’autant que le règlement prévoit des sanctions allant jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires. C’est bien plus élevé que ce qui existe actuellement.
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