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Une appli (vraiment) collaborative pour partager ses données de transport

L’appli Jungle Bus vise à collecter les données de transport pour les afficher sur la base cartographique libre OpenStreetMap. Un outil participatif précieux alors que 60 % de villes dans le monde ne disposent pas de plans de bus.

Publié le 26 avril 2017 à 15h12, modifié le 27 avril 2017 à 08h55 Temps de Lecture 3 min.

L'application Jungle Bus mise sur le crowdsourcing pour collecter les données de transport, accessibles ensuite gratuitement dans la base de données OpenStreetMap.

Les applis de calcul d’itinéraire sont devenues les indispensables boussoles de nos déplacements quotidiens en ville. Mais comment conseiller un trajet quand il n’existe pas de plans de transport suffisamment précis ? C’est le cas de 60 % des villes dans le monde, dans les pays en développement mais aussi dans les banlieues des métropoles occidentales où interviennent souvent plusieurs sociétés de transport.

Pour pallier cette difficulté, deux membres de la communauté OpenStreetMap, le projet cartographique communautaire lancé en 2004, ont créé une nouvelle application participative baptisée Jungle Bus. Disponible sur smartphone (Android), elle propose un outil simple pour que des contributeurs volontaires puissent géolocaliser les lignes de transport qu’ils utilisent. Un logiciel reporte alors automatiquement sur une carte les tracés de lignes de bus.

« Alternative à la logique propriétaire de Moovit ou Google »

L’appel à contribution (ou crowdsourcing) a fait la preuve de son efficacité. Avec 1 200 villes couvertes dans le monde, l’entreprise israélienne Moovit en illustre la réussite en combinant les données officielles des sociétés de transport locales et les informations fournies par sa communauté d’utilisateurs.

L’appli Jungle Bus mise, elle aussi, sur le crowdsourcing, mais les données collectées y sont gratuites et accessibles dans la base de données OpenStreetMap. Publiées sous licence Odbl, elles peuvent être utilisées par des particuliers, des associations ou des entreprises, à condition que les utilisateurs repartagent à leur tour les données qu’ils auront enrichies.

“Notre objectif, c’est de créer une alternative à la logique propriétaire de Moovit, Citymapper ou Google qui collectent les informations des volontaires et demandent aux pouvoirs publics d’ouvrir leurs données de transport, sans partager leurs propres données en échange”, explique Florian Lainez, l’un des créateurs de Jungle Bus. Cet ancien salarié de la SNCF a travaillé sur la cartographie des gares d’Ile de France dans le cadre du projet MonTransilien avant de devenir consultant indépendant dans le domaine des transports.

En France, l’outil intéresse des filiales de grands groupes de transport comme Cityway (Transdev) et Kisio Digital (SNCF) qui ont participé au financement du projet avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). « La contribution collective va améliorer la qualité de nos données, constate Laurent Briant, directeur général de Cityway qui conçoit des moteurs de calculs d’itinéraires. Même en France ou en Amérique du Nord, les bases des transporteurs manquent de précisions, il peut y avoir des travaux, des changements sur la position des arrêts ou le tracé des lignes. En cas d’événement perturbant, les usagers sont les premiers informés. »

Levier de changement

C’est surtout pour les citadins des pays du Sud que le projet représente un réel levier de changement. L’idée de Jungle bus est née à Managua, capitale du Nicaragua, où l’autre fondateur, Félix Delattre, a habité pendant dix ans. Pour remédier à l’absence de plans de transport dans la ville, le jeune développeur a conçu un outil participatif afin de géolocaliser les arrêts de bus sur OpenStreetMap. Environ 150 bénévoles ont collecté sur le terrain les données liées au réseau de bus. Un site Internet et une appli mobile ont été conçus, ainsi qu’une carte papier, éditée en 40 000 exemplaires. « C’est la première carte de transport en commun d’Amérique centrale », explique Félix Delattre.

Carte des lignes de bus à Managua (Nicaragua) réalisée par des volontaires Openstreetmap.

Pour Innocent Dibloni qui enseigne la cartographie collaborative à Dakar, faciliter la collecte des données de mobilité est un enjeu majeur en Afrique. « Dans de nombreuses villes africaines, il n’existe pas de plan des lignes de bus, il faut demander la destination au chauffeur, explique-t-il. L’intérêt de cet outil, c’est qu’il est simple et accessible sur smartphone. Une communauté d’une vingtaine de personnes peut répertorier l’ensemble des arrêts de bus en trois mois dans une grande ville. » Une équipe d’étudiants en géomatique de Dakar teste actuellement l’application dans le cadre d’un projet de géolocalisation des lignes de bus dans la capitale sénégalaise, avec le soutien de la municipalité de Grand Dakar.

D’autres billets à propos de ressources partagées sur le blog Chronique des communs

Contact : c.legros@lemonde.fr ou sur Twitter@clairelegros

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