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Affaire Grégory : Jacqueline et Marcel Jacob mis en examen pour enlèvement et séquestration

Les mises en examen de la grand-tante et du grand-oncle de Grégory Villemin interviennent trente-deux ans après le meurtre du garçon.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 juin 2017 à 08h12, modifié le 17 juin 2017 à 06h43

Temps de Lecture 4 min.

Devant la cour d’appel de Dijon, où Jacqueline Jacob et Marcel Jacob ont été entendus par les juges, le 16 juin.

Trente-deux ans après le meurtre de Grégory Villemin – un petit garçon de 4 ans retrouvé pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, dans les Vosges, le 16 octobre 1984 –, sa grand-tante, Jacqueline Jacob, 72 ans, et son grand-oncle, Marcel Jacob, 71 ans, ont été mis successivement en examen, vendredi 16 juin, pour enlèvement et séquestration suivie de mort.

Le procureur général près la cour d’appel de Dijon, Jean-Jacques Bosc, a fait le point sur les derniers éléments de l’enquête lors d’une conférence de presse en fin d’après-midi.

Lire (en édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Affaire Grégory : la dernière carte des enquêteurs ?
  • Les époux Jacob placés en détention provisoire

Jacqueline Jacob a quitté le palais de justice de Dijon, escortée par plusieurs gendarmes avant de monter dans un véhicule. Son époux, Marcel Jacob, a lui aussi été placé en détention provisoire, en attendant l’arrêt de la chambre d’instruction qui doit être rendu dans les quatre jours ouvrables.

Cette incarcération provisoire a été demandée dans le souci d’« empêcher une concertation frauduleuse et toute forme de pression entre les protagonistes de nature à nuire à l’efficacité des investigations à venir et à la poursuite de l’enquête », a précisé M. Bosc.

  • Un « acte collectif » qu’ils « nient »

Le procureur a fait savoir que la qualification retenue pour les mises en examen recouvraient « la réalisation d’un acte collectif » :

« Les auteurs qui ont participé à cet enlèvement sont les auteurs du crime, sans qu’on sache qui a tué l’enfant. Il n’y aurait pas eu d’assassinat s’il n’y avait pas eu d’enlèvement. On ne sait pas avec précision dans quelles conditions est mort Grégory. »

Mais Jacqueline et Marcel Jacob ont « nié toute implication » dans le meurtre de Grégory Villemin, selon M. Bosc.

  • Quels sont les éléments qui les mettent en cause ?

Le procureur a ensuite détaillé les éléments mettant en cause Marcel et Jacqueline Jacob :

– le dossier révèle l’existence d’un lien indissociable entre les trois lettres anonymes envoyées au jeune couple Villemin en 1983, le courrier posté le jour du crime revendiquant l’assassinat du petit garçon, et l’enlèvement de l’enfant ;

– l’une des trois lettres anonymes de 1983 implique Jacqueline Jacob de manière évidente, une autre de manière moins certaine ;

– un lien a été établi entre « ces écrits anonymes et les appels téléphoniques anonymes qui ont été passés par le “corbeau” (qui était double, puisque nous savons qu’il y a un homme et une femme) », grâce à des termes que l’on retrouve dans les lettres et dans les appels téléphoniques.

– la localisation des auteurs des appels téléphoniques antérieurs au crime « n’a jamais été contredite par un quelconque alibi de leur part ou par une quelconque impossibilité matérielle de les passer, et cela de façon récurrente dans l’ensemble de la procédure » ;

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– Marcel Jacob « dissimule contre l’évidence ses antagonismes parfois violents avec les parents de Grégory, ce qui rend ses déclarations peu crédibles ». Par exemple, lors d’une dispute avec Jean-Marie Villemin – le père de Grégory – en décembre 1982, Marcel Jacob lui a dit : « Je ne serre pas la main d’un chef. » Or, le mot « chef » se retrouve « dans un certain nombre d’écrits incriminés ».

  • Les Jacob mutiques et amnésiques en garde à vue

De source proche du dossier, Jacqueline Jacob est restée mutique durant sa garde à vue, et Marcel Jacob s’est contenté d’affirmer qu’il ne se rappelait rien. Parallèlement à ces gardes à vue, une petite dizaine d’auditions ont été menées par les gendarmes pour confirmer les soupçons des enquêteurs, a-t-on précisé de même source.

Ce sont de nouvelles expertises d’une lettre de menaces, manuscrite et anonyme, adressée en 1983 au père de Grégory, qui ont orienté les soupçons sur Jacqueline Jacob. Selon une source proche du dossier, des documents écrits par la grand-tante de Grégory « ont été retrouvés en perquisition » à des fins de comparaison.

  • Les grands-parents de Grégory entendus comme témoins

Avant leur mise en examen, Marcel et Jacqueline Jacob avaient été placés en garde à vue, au côté de Ginette Villemin, veuve de Michel Villemin, le frère de Jean-Marie Villemin. Cette dernière avait été remise en liberté jeudi en fin d’après-midi. Ils étaient tous les trois soupçonnés de complicité d’assassinat, de non-dénonciation de crime, de non-assistance à personne en danger et d’abstention volontaire d’empêcher un crime.

De leur côté, les grands-parents paternels de Grégory, Monique et Albert Villemin, avaient été entendus à leur domicile comme simples témoins en raison de leur grand âge et de l’état de santé de Mme Villemin.

  • La mère de Grégory un temps soupçonnée

Le corps sans vie de Grégory Villemin, 4 ans, a été retrouvé au soir du 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans les eaux d’une rivière, la Vologne. Cette découverte a marqué le début de l’affaire Grégory, qui reste l’une des grandes affaires criminelles non résolues du XXsiècle.

Bernard Laroche, un cousin du père du petit Grégory – et un proche de Marcel Jacob –, avait d’abord été soupçonné : inculpé pour assassinat, un temps incarcéré, il avait été remis en liberté le 4 février 1985. Convaincu de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin l’avait abattu d’un coup de fusil de chasse. M. Villemin sera condamné pour ce meurtre à quatre ans de prison en 1993.

En juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert opère un spectaculaire revirement : il porte ses soupçons sur la mère du garçonnet, Christine Villemin, qui sera totalement innocentée en 1993 au terme d’un non-lieu retentissant pour « absence totale de charges » ; formule inédite aux accents d’excuses et d’aveux d’erreur judiciaire.

L’affaire fut rouverte en 1999, puis en 2008, pour tenter d’exploiter d’hypothétiques traces d’ADN sur les scellés. En 2013, la mise au jour de nouvelles traces d’ADN sur les cordelettes ayant servi à entraver le corps de l’enfant avait relancé l’affaire.

Mais le procureur général de la cour d’appel de Dijon, Jean-Marie Beney, avait ensuite annoncé que les analyses ne permettaient pas de mettre un nom sur les profils des ADN relevés. Il y a « toujours un espoir, dans la mesure où le dossier n’est pas fermé. Mais, d’un point de vue scientifique, l’espoir s’éloigne », avait-il alors déclaré.

  • AFP

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  • AFP/OFF

  • Bernard Laroche, inculpé du meurtre de son neveu, Grégory Villemin, 4 ans, retrouvé noyé le 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans la Vologne, arrive le 5 novembre 1984 au tribunal d'Epinal, escorté par les gendarmes qui viennent de l'arrêter.

    Bernard Laroche, inculpé du meurtre de son neveu, Grégory Villemin, 4 ans, retrouvé noyé le 16 octobre 1984, pieds et poings liés dans la Vologne, arrive le 5 novembre 1984 au tribunal d'Epinal, escorté par les gendarmes qui viennent de l'arrêter. AFP/JEAN-CLAUDE DELMAS

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