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« La régulation des fausses nouvelles ne pourra pas venir que de la justice »

Dans une tribune pour « Le Monde », l’avocat Benoit Huet estime que seule une implication de la société civile peut permettre une régulation plus objective des flux d’informations.

Publié le 25 août 2017 à 07h00, modifié le 25 août 2017 à 17h28 Temps de Lecture 6 min.

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« Peu importe sa véracité, la nouvelle est mesurée à l’aune de sa viralité ». (Photo : Le siège de Facebook, à Menlo Park (Californie).

TRIBUNE. La langue anglaise désigne la calomnie par le mot « libel », terme issu du français « libelle », qui renvoyait sous l’Ancien Régime à de petits livres pamphlétaires, souvent écrits sous des pseudonymes pour moquer ou diffamer. La plus célèbre victime des libelles fut certainement Marie-Antoinette qui fut qualifiée de « prostituée babylonienne », et accusée d’avoir commis des actes incestueux sur son enfant, guidée par sa « diabolique lubricité ».

Deux siècles plus tard, au cœur de la campagne présidentielle américaine, un article abondamment partagé sur les réseaux sociaux affirmait avec un aplomb similaire qu’Hillary Clinton animait un réseau pédophile depuis un restaurant de Washington.

La diffusion volontaire de fausses informations par voie de presse n’est en rien un phénomène nouveau, et Voltaire soulignait déjà dans ses Œuvres poétiques que « les honnêtes gens qui pensent sont critiques, les malins sont satiriques, les pervers font des libelles ». Notre époque se singularise toutefois par l’abondance de ces fausses informations, leur rapidité de circulation, et l’audience qu’elles touchent – chaque mois deux milliards de personnes utilisent Facebook. Peu importe sa véracité, la nouvelle est mesurée à l’aune de sa viralité, mot issu du latin « virus » (suc, humeur, venin, poison) et que s’est paradoxalement approprié la société marchande en dépit de son caractère péjoratif (marketing viral).

Injure ou diffamation

La fausse nouvelle du XXIe siècle a la particularité d’être guidée par une double motivation économique et politique. Il s’agit tout autant de trouver une résonance électorale que d’obtenir une rétribution financière, la première alimentant la seconde grâce aux revenus publicitaires. Dire que le pape soutient le candidat républicain à l’élection américaine de 2016, ou dire que l’Arabie saoudite finance le futur vainqueur de l’élection française en 2017, permet de générer de l’audience, et donc de vendre des espaces publicitaires.

La désinformation est ainsi devenue un moyen de subsistance accessible à tout un chacun.
Ce phénomène ne manque pas d’interroger sur les outils offerts par notre droit pour empêcher la diffusion de certaines publications. Une partie des informations fausses publiées sur les réseaux sociaux peuvent classiquement être poursuivies sur le fondement de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Certaines relèvent de l’injure (terme de mépris ou invective), d’autres de la diffamation (imputation d’un fait attentatoire à l’honneur et à la considération d’une personne).

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