M. René Monory compare volontiers les proviseurs et les principaux de collèges à des chefs d'entreprise. Il a toujours tenté de s'appuyer sur eux, par exemple pour " faire passer ", en novembre dernier, sa réforme des lycées, finalement emportée par la bourrasque étudiante. L'une de ses premières décisions, en arrivant au ministère de l'éducation nationale, avait consisté à créer au sein de l'administration une direction chargée de gérer les personnels de direction et d'inspection, qui élabore aujourd'hui la réforme.
Son projet actuel consiste à créer trois corps spécifiques de chefs d'établissement, auxquels des concours nationaux donneraient accès. Le passage d'une catégorie d'établissement à une autre serait encouragé par l'instauration d'une obligation de mobilité tous les six ans.
Actuellement, les principaux et proviseurs sont des personnels d'éducation _ professeurs ou conseillers d'éducation _ simplement nommés dans un emploi de chef d'établissement après avoir été inscrits sur une " liste d'aptitude ", et des cloisons presque étanches séparent les différents types d'établissements.
Les syndicats approuvent
L'idée de renforcer la position des chefs d'établissement n'est pas nouvelle. Depuis qu'a été supprimé le grade de chef d'établissement au lendemain de mai 1968 (décret du 30 mai 1969), les syndicats demandent son rétablissement et même la création d'un corps spécifique. En accédant à cette revendication, M. Monory va plus loin qu'une simple restauration de la situation d'avant 1968. Il veut donner aux principaux proviseurs et censeurs une place à part dans l'institution scolaire et l'amorce d'un statut social nouveau. Il entend aussi tenir compte du renforcement de leur rôle, consécutif aux lois de décentralisation, qui les placent à la tête d'une entité administrative nouvelle, l'établissement public local d'enseignement, et de son conseil d'administration.
Enseignants sortis du rang et dotés d'un statut particulier, ils conserveraient les avantages pécuniaires liés à leur grade, même en cas de changement d'emploi (s'ils reprenaient du service comme professeur par exemple). Ce nouveau mode de gestion les apparenterait à des fonctionnaires de haute responsabilité et romprait avec l'" insécurité " de carrière, réelle ou tactique, dont ils se plaignent régulièrement.
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