C’est une nuit cauchemardesque qu’a vécu la région de Leiria, dans le centre du Portugal. Un feu de forêt d’une « violence inouïe » a fait au moins 62 morts et une cinquantaine de blessés, samedi 17 juin. Dimanche midi, le feu était toujours actif sur quatre fronts, dont deux particulièrement difficiles, dans cette région recouverte d’eucalyptus et de pins.
Au moins trente des victimes ont été retrouvées mortes dans leurs voitures sur la route nationale IC8, où elles ont été piégées par les flammes, a précisé le secrétaire d’Etat aux affaires intérieures, Jorge Gomes. Dix-sept victimes ont également été retrouvées à proximité de leur véhicule, tentant d’échapper au brasier.
« C’est sans doute la plus grande tragédie que nous ayons connue ces dernières années sur le front des incendies de forêt », a déclaré, ému, le premier ministre portugais, Antonio Costa. Le président de la région, Fernando Lopes, a décrit une situation « catastrophique », dont l’ampleur reste difficile à déterminer car des villages restent inaccessibles, dimanche midi.
Cinq pompiers ont été hospitalisés, a fait savoir le président de la Ligue des pompiers au journal portugais Correio da Manha. Deux d’entre eux sont dans un état jugé critique par les médecins.
Des centaines de pompiers mobilisées
Le feu s’est déclaré samedi peu avant 15 heures locales (16 heures à Paris) dans la commune de Pedrogao Grande, une zone montagneuse du district de Leiria. Selon le premier ministre, des orages secs sont à l’origine de cet incendie, et la piste criminelle a rapidement été écartée. Le Portugal a subi samedi une forte canicule, avec des températures dépassant les 40 degrés dans plusieurs régions.
D’après le secrétaire d’Etat à l’intérieur, les flammes se sont propagées « avec beaucoup de violence » et « de façon inexplicable », évoluant alors sur quatre fronts. Plusieurs villages ont été touchés et un plan d’évacuation a été mis en œuvre pour certains d’entre eux. « Cela ne semble pas réel... C’est un véritable enfer, nous n’avons jamais rien vu de tel », a déclaré à la presse Valdemar Alves, le maire de Pedrogao Grande.
Plus de 800 pompiers, 257 véhicules et trois Canadair étaient mobilisés dimanche matin pour lutter contre cet incendie, selon le site de la protection civile, qui reste très actif dimanche matin, avec quatre fronts dont deux violents. Deux Canadair espagnols ont été dépêchés sur place dimanche matin pour appuyer les pompiers portugais.
« Le nuage de fumée est très bas, ce qui ne permet pas aux hélicoptères et aux avions anti-incendie de travailler efficacement mais nous faisons tout qui est possible et même impossible pour éteindre cet incendie », a déclaré le secrétaire d’Etat pour les affaires intérieures.
Selon le site Internet de la Commission européenne, la France a également envoyé trois avions, dans le cadre du mécanisme européen de protection civile. « Mes pensées vont aux victimes au Portugal », a tweeté le président de la Commission, Jean-Claude Juncker. De son côté, le président français, Emmanuel Macron, a exprimé sa « solidarité » avec les victimes de l’incendie, confirmant que « la France met son aide à la disposition du Portugal ».
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Trois jours de deuil national
Le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, s’est rapidement rendu sur place et a présenté ses condoléances aux familles des victimes, « partageant leur douleur, au nom de tous les Portugais ». Rendant hommage au travail des pompiers, le président a assuré qu’étant donné les conditions, « ce qui a été fait est le maximum de ce qui pouvait être fait ». Le pays a décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes.
Relativement épargné en 2014 et en 2015, le Portugal avait été durement touché en 2016 par une vague d’incendies qui avaient dévasté plus de 100 000 hectares sur son territoire continental. Sur l’île touristique de Madère, où les feux ont fait trois morts en août 2016, 5 400 hectares sont partis en fumée cette année-là et près d’une quarantaine de maisons ont été détruites. Des incendies ravageurs avaient eu lieu aussi en 2003, faisant une vingtaine de morts. En 1966, un feu dans la forêt de Sintra, à l’ouest de Lisbonne, avait provoqué la mort de vingt-cinq militaires qui tentaient, en vain, de combattre les flammes.
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