L’endroit ne manque pas d’attraits : deux hectares face à la mer, une dizaine de suites au luxe ostentatoire, gazon impeccable, calme et discrétion garantis. Le Château des palmiers, la propriété « française » de Donald Trump sur l’île de Saint-Martin, dans les Antilles, est à vendre chez Sotheby’s. Aucune pancarte ni affiche, le prix est fourni par la maison d’enchères « sur demande ». D’après le site spécialisé Mansion Global, qui cite une source locale, la villa du président américain atteindrait la bagatelle de 28 millions de dollars (24,8 millions d’euros). « Un peu moins », corrige Andy, l’ex-chef des cuisines, aujourd’hui gardienne des lieux avec ses deux molosses. Gênée, la jeune femme ajoute : « Il ne faut pas croire tout ce que l’on raconte, ce n’est qu’une simple villa à vendre parmi d’autres… »
L’opération immobilière, discrètement lancée en avril, a fini par faire des vagues jusqu’au sein même de l’administration américaine. En cas de vente, le Château des palmiers consacrerait la première cession importante d’un bien appartenant à Donald Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche. De quoi attiser les soupçons de conflit d’intérêts, similaires à ceux évoqués par l’une des avocates de M. Trump, qui justifiait ainsi sa décision de ne pas vendre son groupe immobilier, la Trump Organization : un acheteur, soulignait alors Me Sheri Dillon, pourrait surévaluer son offre dans le but d’obtenir des faveurs du chef de l’Etat.
Un investisseur russe intéressé en 2016
Si le Château des palmiers venait à trouver acquéreur, la transaction resterait en grande partie confidentielle. Le recours aux sociétés-écrans pour cacher l’identité des acheteurs est fréquent pour ce type de bien. Par ailleurs, les registres publics de Saint-Martin, collectivité d’outre-mer, ne fournissent pas toujours les détails des transactions concernant les propriétés privées. Certes, M. Trump serait contraint de révéler le montant de la vente, mais il ne serait pas obligé de donner le nom ni la nationalité de l’acquéreur.
C’est là que l’affaire jette une lumière crue sur la porosité entre le monde des affaires, la vie personnelle et l’action publique du président. En 2016, avant même que sa villa soit mise sur le marché, un investisseur russe avait demandé à la voir. Selon une agence immobilière située du côté néerlandais de l’île, l’homme visita la résidence sans donner suite. On imagine les remous qu’aurait suscités une transaction, si elle avait eu lieu, en pleine affaire sur les collusions supposées entre Moscou et certains membres de l’équipe de campagne du candidat républicain.
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