Le compte à rebours ne commence, officiellement, que mercredi 11 mars : en conseil des ministres, Najat Vallaud-Belkacem doit annoncer les « finalités pédagogiques » de la réforme du collège – un « baptême du feu » pour la ministre de l’éducation nationale, qui s’était bornée, jusqu’à présent, à mettre en musique les changements engagés par ses prédécesseurs. Suivront trois semaines de négociations avec les syndicats d’enseignants, censées déboucher, mi-avril, sur la « grille horaire » du nouveau collège. Celle-ci aurait dû être soumise au vote (consultatif) du Conseil supérieur de l’éducation le 9 avril… avant que la fédération FSU ne dépose un préavis de grève. Il faudra donc attendre le 10 pour connaître, dans le détail, la nouvelle organisation du collège, ce « maillon faible » du système éducatif, selon une formule usée jusqu’à la corde. Un palier où échecs scolaire et social se cumulent au point qu’un élève sur cinq y perd pied.
Mais, sur les intentions de la ministre de l’éducation nationale comme sur les réserves syndicales, tout – ou presque – a déjà été dit. Interdisciplinarité, souplesse et autonomie sont les maîtres mots d’une réforme qui, sans entamer le dogme du « collège unique », cet idéal d’une formation commune offerte à toute une génération, doit permettre dès la rentrée 2016 de diversifier les enseignements en tenant compte des besoins des élèves, ici de leurs fragilités, là de leurs forces. Mettre en œuvre un collège unique mais pas uniforme.
« Révolution » ou « ravalement » ?
Parmi les grands principes déjà dévoilés, l’introduction d’« enseignements complémentaires », en sus du « tronc commun » dispensé aux 3,5 millions de collégiens, a mis certains syndicats en alerte. Ceux qui, comme le SNES-FSU (majoritaire) ou le Snalc, redoutent qu’on empiète sur « les horaires des disciplines ». D’autres, comme le SE-UNSA ou le SGEN-CFDT, dits « réformateurs », se félicitent de ces « modules interdisciplinaires » qui feraient la part belle à la pédagogie par projet, au suivi personnalisé − en 6e notamment −, et dans lesquels les professeurs seraient invités à collaborer. Trois heures hebdomadaires pourrait leur être consacrées, sans rien ajouter ni aux emplois du temps des élèves ni au temps de service des enseignants, semble-t-il.
Autre grand principe : l’introduction d’une deuxième langue vivante un an plus tôt, dès la 5e. La dernière piste n’est pas la moins polémique, puisqu’il s’agit d’octroyer aux établissements une marge de manœuvre – de l’ordre de 20 % de la dotation horaire – pour laisser les équipes décider des méthodes et des projets sur lesquels mettre l’accent.
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