La réforme du « collège 2016 » n’aura pas fait long feu. A peine une année scolaire après sa mise en œuvre, voilà un projet d’arrêté qui pourrait permettre aux établissements de la détricoter. Le texte, que Le Monde s’est procuré, sera présenté officiellement à la communauté éducative jeudi 8 juin, en vue d’une application dès la rentrée prochaine.
C’était une promesse de campagne : le candidat Emmanuel Macron s’était engagé à « rendre possible le rétablissement des parcours bilangues et européens », remis en cause par la réforme de Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’éducation nationale, et à revenir à un « véritable enseignement du latin et du grec », dont le statut avait évolué.
Au lendemain de sa nomination Rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer avait déclaré au Monde qu’il avait été « choqué de la suppression » de ces dispositifs qui « marchaient bien ». Pour le nouveau ministre, ils sont des moyens de rendre « attractifs » certains établissements, plus que des outils de ségrégation.
Le projet d’arrêté élargit l’éventail des options facultatives que les collèges peuvent proposer aux élèves dans le cadre de leur marge d’autonomie. Dans le champ des possibles, on retrouve la promesse d’une option latin renforcée : les collèges pourraient l’organiser à raison de trois heures par semaine maximum en 4e et 3e – contre deux heures aujourd’hui.
On retrouve également le rétablissement des classes bilangues : apprendre une deuxième langue étrangère dès la 6e serait possible « dans la limite de deux heures hebdomadaires ». Enfin, si le texte n’évoque pas le retour des classes européennes à proprement parler, il autorise l’instauration d’une langue vivante renforcée à partir de la 5e (deux heures en plus). En matière de langues toujours, une nouveauté : il sera possible de donner une partie des heures de cours dans une discipline (sciences, histoire...) en langue étrangère.
Le projet d’arrêté va plus loin que les promesses de campagne. Il supprime le cadre national fixé pour les deux nouveaux dispositifs introduits par la réforme : l’accompagnement personnalisé (AP) et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) – des projets croisant plusieurs disciplines. Les enseignants seraient libres de continuer à proposer les deux. Libres, aussi, de ne proposer que l’un ou que l’autre – sur une plage horaire qui reste inchangée : trois heures par semaine en 6e, quatre heures en 5e, 4e et 3e.
Il vous reste 46.24% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.