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Simone Veil, la parole libre d’une femme dans un monde d’hommes

Rescapée d’Auschwitz-Birkenau, symbole des progrès des droits des femmes et figure de la construction européenne, l’ancienne ministre est morte à 89 ans.

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Publié le 30 juin 2017 à 11h18, modifié le 02 juillet 2017 à 16h39

Temps de Lecture 18 min.

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Le 23 février 1975 à Caen. Simone Veil, alors ministre de la Santé, lors de sa visite d’un centre anti-cancer.

Assise sous la Coupole, elle affiche ce jour-là un sourire un peu lointain, légèrement incrédule, comme si les fastes surannés de l’Académie française ne lui étaient pas vraiment destinés. Sous l’immense dôme de verre du quai Conti, se pressent des présidents de la République, des ministres, des écrivains, des scientifiques, des artistes.

A quoi pense-t-elle, en ce 18 mars 2010, ceinte de l’épée d’académicienne où elle a fait graver son numéro de déportée ? A son père, dira-t-elle, qui eut été « ébloui » que sa fille occupe le fauteuil jadis dévolu à Racine. A sa mère, ajoutera-t-elle, disparue dans l’enfer de Bergen-Belsen, en Allemagne, quelques jours avant la libération du camp, en 1945.

Si les Immortels décident, en ce printemps 2010, de faire de Simone Veil la cinquième femme de l’histoire à siéger sous la Coupole, c’est parce qu’elle est, dira Jean d’Ormesson, « une grande dame d’autrefois dont la dignité et l’allure imposent le respect ».

« Il y a en vous comme un secret : vous êtes la tradition même et la modernité incarnée, affirme l’écrivain dans son discours. Je considère votre parcours et je vous vois comme une de ces figures de proue en avance sur l’histoire. » Un court instant de silence, une voix qui mime le chuchotement. « Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame ! », conclut l’académicien dans un sourire malicieux.

Simone Veil est, il est vrai, une grande dame qui a su gagner le cœur de ses concitoyens. Mais si l’académicienne est devenue une véritable icône française, c’est aussi parce qu’elle incarne les trois grands moments de l’histoire du XXe siècle : la Shoah, l’émancipation des femmes et l’espérance européenne.

Au cours de sa vie, elle a en effet épousé, parfois bien malgré elle, les tourments d’un siècle qui fut à la fois celui de la destruction des juifs d’Europe, de l’égalité hommes-femmes et de la construction européenne. L’histoire a placé Simone Veil au cœur de ces trois moments : elle fait partie des rares juifs français ayant survécu à la déportation, elle symbolise les progrès des droits des femmes et elle est l’une des figures de la construction de l’Europe.

Déportée à Auschwitz-Birkenau

Pour Simone Veil, née Jacob le 13 juillet 1927 à Nice, la question juive aurait pourtant pu rester un simple enjeu culturel. Installés depuis plusieurs siècles sur le territoire français, les Jacob vivent loin, très loin des synagogues : lorsqu’une cousine emmène un jour la petite Simone dans un lieu de culte, son père menace de ne plus recevoir sa parente sous son toit.

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