Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Une Documenta sous le signe de la lutte

A Kassel, en Allemagne, les artistes invités de la manifestation quinquennale critiquent le système.

Par  (Kassel (Allemagne), envoyé spécial)

Publié le 15 juin 2017 à 08h57, modifié le 15 juin 2017 à 08h57

Temps de Lecture 6 min.

Article réservé aux abonnés

Lénine et Marx, par la Chilienne Cecilia Vicuña, deux huiles sur toile de 1972.

La Documenta 14 a ouvert le 8 avril à Athènes et à Kassel, le 10 juin, puisque, pour la première fois, la manifestation quinquennale née en 1955 se dédouble entre Grèce et pays de Hesse. Ainsi en a décidé le directeur artistique de la cession, Adam Szymczyk. Pourquoi Athènes ? Pour célébrer la cité de Socrate ; mais surtout pour se déclarer solidaire d’un pays soumis aux exigences financières de l’Europe en général et de l’Allemagne en particulier. Que ces éditions jumelles répondent à des convictions politiques, il serait en effet difficile de l’ignorer.

Lire le compte-rendu : Article réservé à nos abonnés Athènes, ville ouverte à la polyphonie de la Documenta

Leur programme, intitulé « Parlement des corps », se déclare « contre l’individualisation des corps, mais aussi contre leur transformation en une masse, contre la transformation du public en une cible commerciale. » Il propose « l’activisme culturel, l’invention de nouveaux affects, la création d’alliances synthétiques entre différentes luttes mondiales », inspiré « par l’auto-organisation micro-politique, les pratiques collectives, la pédagogie radicale et les expérimentations artistiques ». L’intention contestatrice et révolutionnaire ne fait donc aucun doute. Il en était déjà ainsi de la célèbre Documenta 5, en 1972, celle de Beuys et Kienholz, et de la plupart de celles qui ont suivi. A Kassel, la critique du système est une tradition. Les artistes stars du marché occidental sont absents et les galeries priées de se faire discrètes, plus discrètes qu’à la Biennale de Venise – soulagement.

Parthénon des livres

Le budget global annoncé s’élève néanmoins à près de 40 millions d’euros, venus pour partie d’institutions publiques allemandes, pour partie de mécènes, les principaux étant le S Finanzgruppe, qui fédère des caisses d’épargne, et Volkswagen. Anticapitalisme et écologie fervente s’en accommodent, semble-t-il. Une organisation efficace est à ce prix car la Documenta est une manifestation de très grande ampleur. Exposition unique envahissant la ville, elle réunit cette année près de trois cents artistes, répartis entre une vingtaine de lieux. Les principaux sont le Palais Fridericianum, la Documenta Halle toute proche et les musées du centre. S’y ajoutent l’Orangerie et le Palais Bellevue, survivants des bombardements de la guerre, et des bâtiments récupérés – une ancienne usine textile, une ex-poste. La visite demande temps, endurance et chaussures de marche.

Le côté politique s’affirme au premier regard. Sur la pelouse de la Friedrichsplatz, point de passage obligé, s’élève un Parthénon grandeur nature tout en échafaudages. Colonnes et murs sont remplacés par des feuilles de plastique entre lesquelles sont pris des livres de toutes sortes et en toutes langues, dont le point commun est d’avoir été interdits. Ce Parthénon des livres a été élevé par l’artiste argentine Martha Minujin. Elle déplace ainsi Athènes à Kassel et change le temple grec en allégorie monumentale de la liberté de pensée.

Il vous reste 66.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.