Robert Vigouroux, neurochirurgien et maire de Marseille de 1986 à 1995, est mort le 9 juillet, à 94 ans. Professeur de médecine de renom international, homme discret voire secret et figure politique singulière, il était né le 21 mars 1923 à Paris et était arrivé à l’âge de 6 ans à Marseille où son père, ingénieur, avait été muté.
Elève doué du lycée Thiers, il collectionne les succès, remportant en 1946 le concours d’internat des villes de faculté, celui de neurochirurgien en 1959. Décrit comme « l’un des médecins les plus doués de sa génération », il est nommé chef de service à 41 ans. De sa jeunesse, il a livré peu de choses à l’exception de son intervention comme jeune médecin après la guerre sur les bateaux de migrants à destination de la Palestine.
Baraka professionnelle et politique
Cette baraka professionnelle, il la connaît également sur le plan politique. Entré à la SFIO en 1964, adoubé par Charles-Emile Loo, un baron du defferrisme, il est élu au conseil général en 1967 et au conseil municipal en 1971.
Soutenu par Mitterrand, il s’empare du « fauteuil de Gaston » qui devait revenir à Michel Pezet.
« On l’envoyait toujours au casse-pipe, dans des batailles électorales perdues d’avance face à des candidats réputés indéboulonnables et il remportait des victoires au grand dam de ses amis politiques », témoigne Loïc Fauchon, son premier directeur de cabinet lorsque Robert Vigouroux succède en mai 1986 à Gaston Defferre, le vieux lion qui tenait la ville depuis 1953. Son irruption sur la scène politique locale surprend alors que Robert Vigouroux n’a jusqu’alors occupé que des fonctions secondaires au sein du conseil municipal.
C’est au chevet de Gaston Defferre, transporté dans le coma au sein de son service de neurochirurgie à l’hôpital de la Timone après une chute à son domicile, le 6 mai 1986, que le professeur de médecine, à 63 ans, va déclarer à ses proches sa candidature à la succession du maire de Marseille. Au sein du conseil municipal, son élection se déroule dans une ambiance de grande brutalité verbale.
Le « fauteuil de Gaston » semble revenir à Michel Pezet, un dauphin avec lequel Defferre s’est brouillé dans les mois précédant sa mort, le jeune leader de la fédération ayant mis en minorité le ministre de l’intérieur au sein de la puissante fédération socialiste. Sous la férule d’Edmonde Charles-Roux, des amis de Gaston Defferre entendent faire barrage à Pezet, désigné comme le félon. Ils obtiennent le soutien du PS et de son patron d’alors Lionel Jospin. Cela profite à Robert Vigouroux, qui bénéficie, lui, du soutien discret de François Mitterrand.
Il vous reste 52.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.