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Mort du poète japonais Tota Kaneko

Grande figure du haïku, poésie qu’il contribua à renouveler, Tota Kaneko est mort le 20 février, à l’âge de 98 ans

Par  (Tokyo, correspondant)

Publié le 02 mars 2018 à 15h07, modifié le 02 mars 2018 à 15h07

Temps de Lecture 3 min.

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Le poète japonais Tota Kaneko, en octobre 2017.

La poésie est restée au Japon une expression populaire, en particulier le haïku – court poème de dix-sept syllabes –, comme en témoigne la demi-page que consacrent chaque semaine les grands quotidiens à une sélection de poèmes envoyés par des amateurs. Tota Kaneko qui est mort le 20 février à Kumagaya (département de Saitama) à l’âge de 98 ans fut une des plus grandes figures de la poésie japonaise du siècle écoulé. Non seulement parce qu’il renouvela le haïku mais aussi parce qu’il voulait en faire un instrument au service de la paix.

Il aurait dû inaugurer un monument à la mémoire des dizaines de poètes de haikus persécutés pendant la période militariste. La mort en a décidé autrement à une semaine près. Tota Kaneko était le dernier poète vivant à avoir connu cette période.

Né le 23 septembre 1919 dans la région de Chichibu, au nord de Tokyo, il avait publié ses premiers poèmes alors qu’il était encore lycéen, puis il se forma à la poésie grâce au poète Seiho Shimada. Après des études d’économie à la prestigieuse université impériale de Tokyo, il travailla à la Banque du Japon. En 1941, année de l’attaque de Pearl Harbor, son maître fut arrêté pour « opinions subversives » et il comprit que les jeunes poètes de sa génération étaient condamnés à être persécutés.

« Donner plus de souffle au haïku »

Envoyé comme officier de marine dans les îles Truk dans l’océan Pacifique, il connut les atrocités de la guerre et assista dans la débâcle à la famine et au suicide de ses camarades, qui avaient reçu l’ordre de « tenir » jusqu’à la mort. Une expérience tragique qu’il raconte dans son autobiographie Cet été-là, j’étais soldat (traduction française de Seegan Mabesoone chez Pippa Editions, à paraître au printemps). De retour au Japon après la défaite, il mit son talent de poète au service de questions sociales et devint une figure de l’avant-garde littéraire.

Avec d’autres jeunes poètes progressistes, Tota Kaneko créa la revue Kaze (Vent) en 1946, et chercha à rénover le haïku en le dégageant de la rigidité formelle (l’utilisation des « mots de saison », émotions saisonnières qui accompagnent obligatoirement le poème dans sa forme classique) répertoriés dans des almanachs poétiques qui sont des sortes de mémoire de la sensibilité esthétique japonaise. Une rigidité qu’il trouvait décourageante pour le poète. Il fallait au contraire, pensait-il, revenir à « plus d’humanité et de sens de liberté ».

« Les membres de la revue Kaze éprouvaient le besoin de retrouver une dimension humaine dissoute, selon eux, avec l’évolution du haïku », rappelle Alain Kervern, traducteur et auteur de nombreux ouvrages de référence sur le haïku. « Tota Kaneko fut de tous les combats pour donner encore plus de souffle au haïku », poursuit-il. Au cours du premier symposium international du haïku contemporain à Tokyo en 1999, le poète déclarait : « Le haïku moderne a les capacités d’aller droit au cœur de mille aspects de l’expérience humaine face à l’inéluctable processus de mondialisation culturelle. »

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