Dans l’affaire Hanouna, Vincent Bolloré ne désarme pas : le président du conseil de surveillance de Vivendi réclame, par le biais de sa chaîne C8, 13 millions d’euros d’indemnités en compensation des sanctions prononcées le 7 juin par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) contre l’émission de l’animateur, « Touche pas à mon poste ».
Selon Le Canard enchaîné, qui révèle cette démarche dans son édition du 12 juillet, le montant est l’estimation du préjudice lié aux trois semaines de juin pendant lesquelles C8 s’est vu interdire de diffuser de la publicité pendant cette émission, ainsi que quinze minutes avant et quinze minutes après sa diffusion : 9 millions d’euros environ pour la coupure de deux semaines décidée après une séquence dans laquelle Cyril Hanouna faisait toucher son sexe à la chroniqueuse Capucine Anav, et 4 millions environ pour la semaine imposée après la caméra cachée confrontant un autre chroniqueur, Matthieu Delormeau, à une fausse agression.
Montants surprenants
Ces montants surprennent car ils sont largement supérieurs aux estimations de manque à gagner calculées par le CSA ou par les médias dont Le Monde : celles-ci oscillaient entre 1,8 et 3 à 4 millions d’euros. De plus, si les émissions de Cyril Hanouna représentent 50 % environ des recettes publicitaires de C8, de nombreux annonceurs avaient annoncé leur retrait de l’antenne en réaction à la polémique sur l’homophobie d’un canular diffusé le 18 mai.
Les lettres de réclamation ont justement été envoyées par Vivendi au CSA quelques jours avant que l’autorité ne se prononce sur cette affaire, qui a déclenché plusieurs semaines de crise médiatique autour de l’émission de Cyril Hanouna : les dirigeants de la chaîne seront auditionnés le 19 juillet. Le CSA délibérera ensuite le 26 juillet.
Les procédures enclenchées par Vincent Bolloré sont une façon de maintenir la pression sur l’autorité, dont les deux récentes décisions, inédites, ont été décrites comme « disproportionnées et discriminatoires » par le groupe Canal+, qui se dit comme Cyril Hanouna victime d’un régime de défaveur.
Deux recours en annulation au Conseil d’Etat
Juridiquement, Vivendi a envoyé au CSA deux lettres qui ouvrent, d’ici deux mois, la voie au dépôt de recours indemnitaires devant le Conseil d’Etat, comme le précise Puremedias. En parallèle, la maison mère de C8 a déposé deux recours au Conseil d’Etat pour contester le fond des décisions et les faire annuler, précise le site.
Malgré cette stratégie de la tension juridique, le CSA pourrait de nouveau lourdement sanctionner la chaîne en réaction au canular piégeant des homosexuels au téléphone, en direct, au moyen d’une petite annonce. Le retentissement de la polémique a dépassé le cadre du public habituel de l’émission, amenant Cyril Hanouna et la direction à faire amende honorable et à annoncer un léger recentrage du contenu de l’émission, en parallèle de leurs déclarations hostiles aux sanctions de l’autorité administrative.
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