Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Un historique de navigation Internet n’est jamais vraiment « anonymisé »

Une expérience présentée à la conférence DEF CON confirme ce que plusieurs études montraient déjà : il est simple de « désanonymiser » des historiques de navigation.

Le Monde

Publié le 01 août 2017 à 11h57, modifié le 01 août 2017 à 12h41

Temps de Lecture 2 min.

Les préférences d’un juge en matière de pornographie, les médicaments commandés par un élu… une étude menée par une journaliste et un chercheur allemand, présentée à la conférence de sécurité informatique DEF CON qui se déroule à Las Vegas aux Etats-Unis, montre une fois de plus que l’anonymisation des données de navigation des internautes n’est aucunement une garantie contre les violations de la vie privée.

Pour réaliser leur étude (PDF), Svea Eckert et Andreas Dewes se sont procuré un accès aux données collectées par des modules complémentaires pour navigateurs Internet, récupérées par des entreprises de marketing. Dans ces données figurait notamment la liste des sites visités par les internautes ; ces données étaient « anonymisées », au sens où seul un identifiant arbitraire désignait les internautes, sans données personnelles, comme l’adresse IP de leur ordinateur ou smartphone.

Mais cette « anonymisation » est faible, détaillent les deux chercheurs : quelques manipulations « triviales » suffisent à lever l’anonymat d’une partie des utilisateurs. Notamment parce que les habitudes de navigation et les comportements des internautes sont beaucoup plus singuliers qu’on ne le pense habituellement. Même en se limitant à des sites populaires, le nombre d’internautes qui visitent exactement les mêmes sites ou pages durant un mois est très faible, ce qui permet facilement de déterminer qui ils sont lorsqu’on a accès à l’intégralité de leur historique de navigation.

Par exemple, les deux chercheurs ont pu facilement identifier, dans les historiques de navigation à leur disposition qui concernaient trois millions d’internautes allemands, les auteurs de playlists YouTube, ou les détenteurs de comptes Twitter qui avaient publié plusieurs liens vers des sites – et avaient donc logiquement fréquenté ces pages.

« Les informations publiquement disponibles sur les internautes sont de plus en plus nombreuses, et il est donc de plus en plus facile de trouver des données pour désanonymiser des historiques de navigation », a dit M. Dewes dans un entretien à la BBC. Les chercheurs expliquent avoir détruit les données en leur possession après avoir mené leur expérience, de peur qu’elles soient piratées et utilisées par des tiers.

Multiples études concordantes

De nombreux travaux de recherche avaient déjà montré que l’anonymat des historiques de navigation était très relatif. Dès 2006, lorsque 20 millions de recherches anonymisées effectuées par 650 000 utilisateurs américains d’AOL avaient été rendues publiques, plusieurs études avaient montré qu’il était possible d’identifier les internautes individuellement avec une certaine facilité. Plus récemment, une étude menée par des chercheurs de Stanford et de Princeton en 2017 avait montré (PDF) qu’il était possible d’identifier l’historique de navigation correspondant à un compte Twitter, même lorsque les historiques sont « anonymisés ».

Les historiques de navigation sont enregistrés par des dizaines d’application et de mouchards dédiés à la publicité ciblée, qui affirment que cette collecte n’est pas dangereuse pour la vie privée parce que les données sont « anonymisées ». En Europe, cette pratique est encadrée par des lois qui limitent en partie le type de données collectées et leur utilisation, mais d’autres pays, dont les Etats-Unis, sont très peu stricts dans ce domaine. Le gouvernement Trump a autorisé cette année les fournisseurs d’accès à Internet à revendre directement les historiques de navigation de leurs clients à des tiers.

Le Monde

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.