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Stroud High, le lycée de filles qui teste (avec succès) la « détox numérique »

Les élèves ont passé une semaine sans smartphone, et n’auront plus le droit de l’utiliser à l’école à partir de la rentrée. Les « moniteurs d’activité », montres connectées et objets destinés à compter les calories dépensées sont également interdits.

Publié le 17 juillet 2017 à 18h38, modifié le 18 juillet 2017 à 15h36 Temps de Lecture 4 min.

Le lycée Stroud High, dans le Gloucestershire, fait désormais figure d’avant-garde dans l’éducation des jeunes à l’usage des nouvelles technologies. Les étudiantes de ce collège-lycée réservé aux filles, âgées de 12 à 18 ans, viennent en effet d’expérimenter une « détox numérique » d’une semaine. Une semaine entière sans utiliser son smartphone, à l’école comme à la maison.

Au départ, les étudiantes n’étaient pas ravies, selon le Guardian qui relaie l’initiative. « Et puis nous en avons parlé », raconte Libby, une étudiante de 14 ans. « Et on s’est dit que ça pourrait être bien. C’est agaçant d’avoir une conversation avec quelqu’un qui regarde son téléphone ».

Environ 400 élèves et professeurs du lycée Stroud High ont pris part à l’expérimentation. La plupart ont décrit une baisse de leur niveau de stress, le sentiment d’avoir plus de temps libre ou encore de mieux dormir. Jess Hourston, une étudiante de 16 ans, raconte avoir eu moins de mal à faire ses devoirs après la semaine de « détox numérique ».

« Normalement, j’écris une phrase, ensuite je consulte Snapchat et je réécris la même phrase. Des devoirs qui devraient prendre une demi-heure prennent une heure et demie. Cette semaine-là, j’ai fait les meilleurs devoirs depuis un bon moment. Et je n’étais pas fatiguée. Normalement, j’ai mon téléphone avec moi pendant une bonne heure avant de dormir. Cette semaine-là, j’ai mieux dormi et j’étais plus en forme le matin. »

Les élèves consultaient « constamment » les réseaux

Des découvertes en adéquation avec la plupart des études sur le sujet de l’addiction aux écrans, qui notent de sérieux effets sur le stress, la capacité de concentration et le sommeil. Mais ces découvertes prouvent aussi en pratique les résultats obtenus après un sondage auprès des élèves. Trois quarts des étudiants y affirmaient consulter les réseaux sociaux « constamment ». Plus de la moitié ont déclaré consulter leur téléphone dans leur lit, et plus de la moitié des 11-14 ans ont dit souhaiter avoir « plus de contrôle » sur leur usage des réseaux sociaux.

C’est ce dernier résultat qui a poussé l’école à réagir. « Si ce n’est pas un cri du cœur, je ne sais pas ce que c’est, commente la proviseure adjointe, Cindi Pride. Ils veulent mieux contrôler, et ne savent pas comment faire, sinon ils le feraient. Nous devons essayer de les aider. L’école est un lieu où l’on doit pouvoir apprendre, s’amuser, nouer des amitiés sincères, pas se parler d’un bout à l’autre de la classe sur Snapchat. »

L’un des enjeux de l’expérience était donc la dépendance aux réseaux sociaux, qui induit des comportements délétères chez les jeunes filles. « Elles se comparent en permanence entre elles, observe Cindi Pride. Unetelle a les cheveux plus longs, plus blonds, de plus jolis vêtements, de meilleures vacances. Les gens postent la meilleure partie de leur vie sur les réseaux. Cette comparaison permanente est incroyablement négative. »

Au retour des vacances d’été, les étudiantes âgées de 11 à 14 ans n’auront plus le droit d’utiliser de smartphone pendant toute la journée d’école. Celles de 14 à 16 ans pourront reprendre leur téléphone à l’heure du déjeuner, et enfin, les lycéennes de dernière année (un niveau auquel cette école admet aussi des garçons) pourront utiliser le smartphone quand elles veulent, sauf en classe.

Nouvelles technologies et image corporelle

Mais la semaine de détox numérique n’a pas été lancée uniquement à cause des réseaux sociaux, et ne concerne pas les seuls smartphones. En effet, le lycée connaissait un autre fléau : les applications de comptage de pas et de calcul de calories dépensées. Tous les moniteurs d’activité (montres, bracelets, applications) seront désormais bannis de l’école, car ils contribuent à exacerber l’inquiétude des jeunes filles sur l’image de leur corps.

La proviseure a confié au Guardian que certaines jeunes filles, jugeant qu’elles n’avaient pas fait assez de pas dans la journée, pouvaient se priver de déjeuner. La situation devenait inquiétante : « Nos élèves sont en forme et en bonne santé, elles font de l’exercice et du sport, il n’y a aucune raison d’être obsédées par les pas et les calories. »

Certaines élèves regrettent cependant la décision drastique de bannir les objets technologiques de l’école, en particulier les moniteurs d’activité. Jess Hourston, une étudiante qui s’est battue pour perdre du poids, regrette cette décision, arguant du fait qu’il serait plus efficace de créer un programme d’éducation aux nouvelles technologies. « La technologie n’est pas mauvaise en soi, fait-elle remarquer. C’est la façon dont on s’en sert. Il y aura toujours des gens qui seront plus enclins que d’autres à s’en servir de façon malsaine. »

Lire notre reportage sur une école française expérimentant la « semaine sans écran » : Des écoliers au défi de se passer d’écran pendant une semaine

En France, le débat sur l’usage des smartphones par les enfants et les adolescents est également très vif, alors que de nombreuses études démontrent les effets délétères d’un usage trop important des écrans chez les jeunes enfants et que les professeurs évoquent une « guerre sans fin » contre le téléphone en classe et constatent que ce sont les élèves les plus en difficulté qui s’en servent le plus. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait lancé l’idée d’interdire les téléphones portables à l’école et au collège. La mesure n’a cependant pas été évoquée à nouveau depuis son élection.

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