Réduire le nombre d’épreuves terminales du baccalauréat en multipliant le nombre d’épreuves anticipées va-t-il dans le sens de la « simplification » de l’examen promise par le candidat Macron à l’horizon 2021 ? Sans attendre que les projets de décret et d’arrêtés portant sur la réforme du bac leur soient officiellement soumis, lors d’un Conseil supérieur de l’éducation programmé mercredi 21 mars, les syndicats d’enseignants ont soulevé la question.
A la lecture d’une première version des textes législatifs qui devaient leur être présentés mardi 13 mars au matin, tous – ou presque – ont sorti leur calculatrice. Pour le SE-UNSA, organisation dite réformiste, le bac « nouvelle formule » pourrait compter une vingtaine d’épreuves au total, estime sa porte-parole, Claire Krepper. Le SNES-FSU, majoritaire, qui devait boycotter la réunion de mardi, a, lui, comptabilisé « 28 voire 29 futures épreuves ». Une « usine à gaz », redoute Claire Guéville, la responsable du secteur lycée de ce syndicat qui, dans un communiqué lundi 12 mars, a demandé une « remise à plat totale du projet de réforme ». La secrétaire générale du syndicat réformiste SGEN, Catherine Nave-Bekhti, regrette une réforme « incohérente et bâclée ».
Les grandes lignes du nouveau bac ont été dévoilées par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, en conseil des ministres le 14 février : le baccalauréat réformé comprendrait quatre épreuves terminales (cinq, en comptant le français en classe de 1re), le reste relevant d’une évaluation en contrôle continu. Les modalités de celui-ci, enjeu un temps éclipsé par les annonces autour du « grand oral » ou des épreuves dites « de spécialités », poussent la communauté éducative à s’interroger.
« Tunnel de partiels »
Les projets de textes que Le Monde a pu consulter en donnent, il est vrai, une version plus complexe qu’attendu. Il devrait y avoir trois séries d’épreuves communes anticipées, étalées pratiquement sur deux années scolaires, et organisées au sein des établissements. Elles devraient valoir pour 30 % de la note globale au baccalauréat, et viendraient s’adosser à l’examen des bulletins scolaires valant, lui, pour 10 % du total – contre 60 % pour les épreuves finales. Dans le projet de décret, on peut lire que les épreuves seront organisées en deux séries en première, et une en terminale. Autant dire qu’on s’achemine, si cette version des textes devait être maintenue, vers un « tunnel de partiels », disent les enseignants, chaque discipline pouvant être évaluée plusieurs fois et non une seule, comme l’avait laissé entendre M. Blanquer.
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