Petite-fille de, femme de, mère de… Evelyne Prouvost aura souvent été décrite par les hommes qui l’ont entourée. Mais après sa mort, mercredi 19 juillet, des suites d’une chute de vélo à Belle-Ile-en-Mer, dans le Morbihan, la propriétaire et ancienne PDG du groupe Marie-Claire a été saluée comme une « grande figure de la presse » : « Pionnière, entrepreneuse, audacieuse, inspirante, attachante, Evelyne Prouvost-Berry était tout cela à la fois », a écrit le Syndicat des éditeurs de la presse magazine, dans un communiqué.
Née dans l’ombre écrasante de son grand-père, Jean Prouvost, magnat du textile du Nord mais surtout inlassable inventeur de médias, Evelyne Prouvost est paradoxalement celle qui aura fait survivre une part de l’empire familial. Dans les années 1930, l’industriel a mis sur orbite le quotidien Paris-Soir, en s’inspirant des Etats-Unis, avec titres-chocs et piges de grands écrivains ; puis il a lancé Match, qui deviendra le grand Paris Match. Dans les années 1950, il a racheté une large part du Figaro avant de lancer Télé 7 Jours ou encore d’amorcer la mue de RTL…
Rude bataille pour conserver le contrôle familial
Evelyne naît en 1939, deux ans après le lancement de Marie-Claire, le magazine grand-paternel dédié aux femmes. En 1976, son aïeul de 91 ans, piètre gestionnaire, est contraint de vendre un par un tous ses grands titres. Non sans surprendre, à 37 ans, elle s’associe à ses sœurs Marie-Laure et Donatienne pour reprendre 51 % de Marie-Claire, avec, en renfort, L’Oréal, dont le patron est un ami de la famille. En 2000, quand l’une des trois associées décide de vendre à Hachette, Evelyne mène une rude bataille pour conserver le contrôle familial, limitant à 42 % la part du groupe propriétaire du magazine rival Elle.
L’héritage d’Evelyne Prouvost lui survivra, puisque son fils Arnaud de Contades dirige depuis 2004 Marie-Claire, l’un des derniers groupes familiaux de presse en France, avec les groupes Amaury (L’Equipe, ASO) et Jalou Media Group (Jalouse, L’Officiel).
La carrière d’Evelyne Prouvost a pourtant commencé de manière modeste : à 19 ans, elle se marie avec Arnold de Contades, marquis de Montgeoffroy et futur directeur général adjoint de Paris Match. Le couple aura trois enfants. Les noces, relate Le Figaro de l’époque, sont célébrées « au joyeux son des trompes de chasse » à Yvoy-le-Marron (Loir-et-Cher), le fief de Sologne où le grand-père a eu l’idée d’inviter régulièrement des personnalités de l’industrie ou de la culture pour traquer le gibier. Evelyne ne commence à travailler qu’à 27 ans, comme simple rédactrice d’un titre du groupe familial.
Il vous reste 45.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.