Il comptait parmi les écrivains de langue allemande les plus prolifiques. Peter Härtling est mort lundi 10 juillet à Rüsselsheim, non loin de Francfort. Il était âgé de 83 ans. Auteur d’une soixantaine de titres, essentiellement des récits, des biographies romancées, des essais, des poèmes, Härtling avait aussi – sans craindre de se voir réduit à un genre souvent considéré comme mineur ou peu prestigieux – signé de nombreux livres pour la jeunesse. Des ouvrages qui ont marqué des générations d’adolescents. En Allemagne, une vingtaine d’écoles portent son nom.
Comme l’Américain Philip Roth et le Néerlandais Cees Nooteboom, Peter Härtling est né en 1933. Mais les destins sont aussi tributaires des lieux ; en 1933, à peine dix mois après l’accession d’Hitler au pouvoir, Chemnitz, où Härtling voit le jour le 13 novembre, ne propose pas les mêmes horizons que le New Jersey ou La Haye. L’Histoire va marquer sa vie et le souvenir ses récits.
Défenseur de l’écologie
Au grand dam de son père, Peter, à l’âge de 10 ans, s’engage dans le Jungvolk, une subdivision des jeunesses hitlériennes, et devient un « nazillon », comme il le concédera plus tard en toute franchise. Mais que vaut sur le plan politique un engagement aussi enfantin ? En 1945, la famille fuit l’avancée de l’Armée rouge et se réfugie en Autriche, à Zwettl, qui sera le titre de l’un de ses premiers livres, paru en 1973 et traduit en français sous le titre : Zwettl, une mémoire en question (Seuil, 1984). Son père est néanmoins fait prisonnier et meurt dans un camp russe en juillet de la même année. Sa mère, qui ne le sait pas encore, poursuit sa fuite plus loin vers l’Ouest avec ses enfants jusqu’à Nürtingen, en Souabe, lieu où Hölderlin passa son enfance. C’est là qu’Erika Härtling, apprenant la mort de son mari, se suicide en 1946, à l’âge de 35 ans.
Orphelin, élevé par de lointains parents, le jeune Peter trouve le soutien de différents adultes, notamment celui du peintre Fritz Ruoff (1906-1986), qui prendra la place de la figure paternelle. Il décrypte dans Dette d’amour (1980 ; Seuil, 1984) sa relation difficile avec son père et tente de montrer aux jeunes générations comment se confronter avec les souvenirs et le poids du passé.
Härtling travaille d’abord comme journaliste avant de devenir, à Francfort, en 1967, chef lecteur aux éditions Fischer, qui défendent des auteurs difficiles comme Arno Schmidt. Il ne cache pas que la littérature l’a empêché de mal tourner. Très actif politiquement, il s’engage pour le SPD de Willy Brandt (social-démocrate). Il devient aussi un défenseur de l’écologie, faisant figure de vrai pionnier dans ce domaine.
Il vous reste 40.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.