Cinq jeunes sont jugés à partir de lundi par la cour d'assises du Val-d'Oise, accusés d'avoir tiré sur des policiers à Villiers-le-Bel dans les nuits des 25 et 26 novembre 2007 lors d'émeutes consécutives à la mort de deux adolescents. Le procès devrait s'ouvrir dans un climat tendu, au moment où des commissions mises en place par le ministère de l'intérieur s'alarment cette semaine d'un "dialogue rompu" dans les banlieues difficiles entre jeunes et forces de l'ordre.
Pour ce procès programmé pour deux semaines, quatre jeunes, incarcérés, sont jugés pour tentative de meurtre en bande organisée sur des policiers à Villiers-le-Bel, ainsi que pour détention et port d'arme prohibés. Le cinquième, sous contrôle judiciaire, soupçonné d'avoir fourni un fusil à pompe, comparaît pour complicité.
Le 25 novembre 2007, la mort de deux adolescents — Moushin et Lakamy — tués à Villiers-le-Bel dans une collision entre leur moto et une voiture de police avait provoqué deux jours d'émeutes et d'échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre. Une centaine de policiers avaient été blessés par des tirs d'armes à feu et des jets de pierres et de bouteilles, un commissaire roué de coups, des bâtiments publics et des commerces détruits. Au moins 90 policiers se sont portés parties civiles. Au cours de l'enquête, plusieurs interpellations avaient eu lieu grâce à des témoignages anonymes, avec promesse de rétribution financière.
Quatre mois après les violences, le 18 février 2008, une vaste opération de police conduite par près d'un millier d'hommes – accompagnés de dizaines de journalistes – dans cette commune du Val-d'Oise avait été vigoureusement critiquée par les habitants. L'enquête avait été spectaculairement relancée en avril 2010. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles avait en effet infirmé un non-lieu rendu par un juge d'instruction de Pontoise en faveur des policiers qui conduisaient la voiture. La justice avait ordonné un supplément d'information en vue "de la notification de la mise en examen du conducteur du chef d'homicide involontaire", selon Me Emmanuel Tordjman, avocat des familles des adolescents. Les syndicats de police avaient alors exprimé leur "surprise" et dénoncé une "décision qui s'inscrit une nouvelle fois dans cette suspicion permanente à l'égard des policiers".
Depuis deux ans, les accusés peuvent compter sur un collectif "Respect, Vérité, Justice", lequel organise depuis des semaines des concerts de soutien. Samedi après-midi, à l'appel de ce collectif, environ deux cents personnes ont manifesté en soutien aux cinq accusés à Pontoise, escortées par un impressionnant dispositif de policiers et de gendarmes.
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- Voir le portfolio Les émeutes de Villiers-le-Bel, trois ans après.
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