Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Avec le rachat de Maersk Oil & Gas, Total se renforce en mer du Nord

L’opération, d’un montant de 7,45 milliards de dollars, permettra à la compagnie française d’accroître ses réserves de l’ordre d’un milliard de barils.

Par 

Publié le 21 août 2017 à 15h42, modifié le 22 août 2017 à 09h40

Temps de Lecture 5 min.

Plate-forme gérée par Total, située sur le champ d’Elgin Franklin, au large de l’Ecosse, en mer du Nord.

C’est la plus grosse opération de Total depuis sa fusion avec Elf en 1999. Et la plus importante en mer du Nord depuis le mariage des norvégiens Statoil et Norsk Hydro en 2006. La compagnie pétrolière française a annoncé, lundi 21 août, l’acquisition pour 7,45 milliards de dollars (6,3 milliards d’euros) du Danois Maersk Oil & Gas, filiale du numéro un mondial du transport maritime A. P. Moller-Maersk.

« L’opération s’est faite assez rapidement. Nous avons montré que nous étions très déterminés. Et elle s’est faite à un prix raisonnable situé entre 50 dollars et 55 dollars le baril », indique au Monde le PDG de Total, Patrick Pouyanné.

Elle permettra au groupe tricolore d’accroître ses réserves prouvées et probables de 1 milliard de barils, s’ajoutant aux 11,5 milliards actuels, et de porter sa production à 3 millions de barils (équivalent pétrole) par jour à la fin de la décennie. « Entre 2014 et 2020, la production de Total sera passée de 2,1 millions à 3 millions de barils par jour », ajoute-t-il.

« Du sang neuf »

La transaction, qui doit être bouclée au premier semestre 2018, prévoit que la maison mère du pétrolier danois recevra l’équivalent de 4,95 milliards de dollars en actions Total. Pour cela, le groupe émettra 97,5 millions de titres destinés à A. P. Moller-Maersk sur la base d’un prix égal à la moyenne des cours des vingt dernières séances, ce qui représentera 3,75 % du capital social élargi de la major française. Celle-ci reprendra également 2,5 milliards de dette de Maersk Oil.

Cette opération présente de nombreux avantages pour le géant français. Maersk Oil détient de fortes positions au Royaume-Uni, en Norvège et au Danemark dans des gisements très prometteurs en cours de développement, précise le PDG de Total.

« La mer du Nord est déjà une zone de force du groupe, et ma stratégie consiste notamment à le renforcer dans ces zones, explique-t-il. Le portefeuille de Maersk est de très bonne qualité, ses équipes sont très reconnues. Cela apportera du sang neuf à nos propres équipes. »

Alors que la production d’or noir décline en mer du Nord depuis le pic de 2000, l’intégration des activités de Maersk fera passer le groupe français de la troisième à la deuxième place dans la région, derrière Statoil. « L’acquisition apporte une hausse immédiate de production de 6 % et renforce sa croissance à moyen terme », souligne Valentina Kretzschmar, analyste du grand cabinet d’expertise pétrolière Wood Mackenzie.

« Cette opération équilibre nos risques »

Autre avantage pour une entreprise très exposée aux aléas géopolitiques, selon M. Pouyanné : « Cette opération équilibre nos risques. Il y a un mois, je signais avec l’Iran, aujourd’hui avec le danois Maersk, dont 85 % du portefeuille se trouvent dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE] et 80 % en mer du Nord. » En juin 2016, il avait déjà signé un contrat majeur avec le Qatar.

Le Monde Guides d’achat
Gourdes réutilisables
Les meilleures gourdes pour remplacer les bouteilles jetables
Lire

Les analystes ont plutôt bien accueilli l’acquisition de Maersk Oil, qu’ils jugent raisonnable et fondée au moment où les prix bas du pétrole rendent les actifs plus intéressants.

Elle est très supportable pour le géant Total. « Cette opération a un fort potentiel d’amélioration de nos coûts opérationnels, notamment en mer du Nord, où les coûts de production sont élevés. Cela nous permettra de les amortir sur une base plus large. » M. Pouyanné a prévenu que, mi-septembre, il révisera à la hausse son plan d’économies de 4 milliards de dollars d’ici à la fin de 2018 pour tenir compte des 400 millions de synergies attendues chaque année avec l’absorption de Maersk.

Il y a trois ans, le prix du baril commençait sa dégringolade pour tomber de 115 dollars à 50 dollars, bouleversant toutes les entreprises du secteur et entraînant des restructurations massives. Le groupe français n’a pas licencié, mais s’est imposé, selon M. Pouyanné, « une stricte discipline financière ». « Depuis 2014, nous n’en sortons pas », souligne-t-il. L’entreprise ne devrait pas modifier l’enveloppe d’investissement de 15 milliards à 17 milliards de dollars prévue en 2018.

Rachat d’actifs et croissance externe

En revanche, il se félicite de « pouvoir désormais utiliser les fruits de cette discipline pour être plus offensif ». « Je suis convaincu que la bonne stratégie est d’être contracyclique », analyse le PDG de Total : lancer des projets et acheter des actifs quand les prix sont bas pour en tirer le meilleur profit quand les cours se redressent.

Si de nombreuses compagnies ont dû céder des actifs depuis la baisse des cours du brut, les plus puissantes ont procédé à des acquisitions ces deux dernières années. En 2015, l’anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a racheté le britannique BG pour 52 milliards de dollars. En janvier, ExxonMobil a dépensé 5,6 milliards en actions et 1 milliard en liquide pour acquérir des droits dans les hydrocarbures de schiste du bassin permien (ouest du Texas).

Quant au pétrolier public russe Rosneft, il a annoncé, lundi, la finalisation de la reprise de l’indien Essar Oil avec ses partenaires étrangers, dont le courtier suisse en matières premières Trafigura, pour 12,9 milliards de dollars, s’ouvrant ainsi le marché Asie-Pacifique en pleine croissance.

Rachat d’actifs et croissance externe plutôt qu’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures ? Comme les autres super-majors, Total joue sur les deux tableaux.

Le prix du brut figé autour de 50 dollars le baril

Mais pour la plupart d’entre elles, les coûteuses campagnes de recherches (notamment dans l’offshore profond) lancées au début de la décennie se sont révélées décevantes. Avec l’effondrement des prix du brut, elles ont drastiquement réduit ce type de dépenses et le développement des projets les plus gourmands en capitaux (gisements marins par grande profondeur, sables bitumineux du Canada).

S’ils bénéficient de « cibles » relativement bon marché, les pétroliers restent précautionneux. En dehors de Shell-BG, ils ne se sont pas lancés dans des fusions géantes comme au tournant des années 2000. Le prix du brut reste figé autour de 50 dollars le baril, et les perspectives d’une remontée rapide des cours demeurent incertaines.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.