Six jours après les attaques qui ont fait quinze morts en Catalogne, l’enquête se poursuit également en France. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a confirmé mercredi 23 août qu’un véhicule utilisé par des suspects à Cambrils, une Audi A3, se trouvait en France, « notamment en région parisienne », les 11 et 12 août, quelques jours avant les attentats.
« L’enquête s’attache donc actuellement à déterminer les raisons précises pour lesquelles ce voyage éclair ramassé sur deux jours est intervenu, et si les terroristes ont été en contact avec d’autres personnes sur notre territoire national », a poursuivi François Molins.
La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert, dès le lendemain de l’attaque de Barcelone, une enquête avec pour chef « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».
Trois suspects mis en examen
Mardi, deux suspects des attentats de Barcelone et Cambrils ont été mis en examen pour « appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, possession d’explosifs », et placés en détention, selon une source judiciaire.
Un autre suspect, le gérant d’un taxiphone à Ripoll, a été relâché jeudi et placé sous contrôle judiciaire. Quant au quatrième individu arrêté dans le cadre de l’enquête, il a également été remis en liberté sous contrôle judiciaire. La justice a estimé qu’il n’y avait pas « d’éléments suffisamment solides » contre cet homme de 27 ans, suspecté un temps d’être le propriétaire de l’Audi A3 qu’ont utilisé les terroristes de Cambrils. Il reste inculpé mais pour des faits moins graves.
Soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’organisation des attentats, cet Espagnol et ces trois Marocains étaient en garde à vue depuis cinq jours.
Un projet d’attentat d’envergure
La cellule d’une douzaine de membres – dont huit sont morts – préparait « un attentat plus important » que les attaques de Barcelone et de Cambrils, une station balnéaire au sud-ouest de la capitale catalane. D’après une source judiciaire, ils visaient « des monuments », « à l’aide de bombes ».
Devant le juge, l’un des suspects a admis qu’ils avaient initialement un projet de plus grande envergure. Ce dernier, un Espagnol originaire de l’enclave de Melilla, a été blessé dans l’explosion accidentelle – mercredi 16 août – d’une maison à Alcanar, à 200 km de Barcelone, où avaient été préparés les explosifs en vue des attentats.
Plus d’une centaine de bonbonnes de gaz ont été retrouvées dans la maison, ainsi que des traces de TATP, un explosif artisanal particulièrement prisé des djihadistes. Cet accident aurait précipité l’action des djihadistes, qui se seraient rabattus sur des moyens plus « rudimentaires », selon le chef de la police catalane.
Un imam soupçonné d’avoir endoctriné les assaillants
La police catalane a confirmé lundi que l’imam Abdelbaki Es Satty, soupçonné d’être le cerveau de la cellule terroriste, était mort dans l’explosion de la maison d’Alcanar. Plus âgé que les autres membres du groupe, l’homme de 45 ans est soupçonné d’être à l’origine de leur radicalisation. Deux suspects mis en examen ont mardi « rejeté la responsabilité sur l’imam, les deux autres ont dit ne rien savoir de lui », selon une source judiciaire.
Abdelbaki Es Satty était connu de la justice pour avoir effectué, entre 2010 et 2014, un séjour en prison pour trafic de drogue. Depuis deux ans, il résidait à Ripoll, où il louait pour « 150 euros » par mois, selon son colocataire, un deux-pièces décrépi.
Le conducteur de la fourgonnette abattu
Younes Abouyaaqoub, le conducteur de la fourgonnette qui a tué 13 personnes sur les Ramblas jeudi, a été abattu au cours d’une opération de police à Subirats, commune proche de Barcelone, ont annoncé lundi soir les autorités. Il s’agissait du seul suspect à s’être enfui, selon les autorités.
Le responsable de l’intérieur catalan, Joaquim Forn, avait confirmé dans la matinée l’identification du conducteur, ajoutant qu’il était activement recherché. Selon les informations du journal El País, qui a eu accès aux images de vidéosurveillance de Barcelone, il se serait enfui à pied après l’attentat en passant par le marché La Boqueria, situé sur les Ramblas.
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