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Révoltés par l’abattoir, alléchés par le steak

La souffrance animale, tout le monde est contre. Nous sommes pourtant nombreux à continuer de manger de la viande. Zoom sur une dissonance cognitive

Publié le 24 août 2017 à 07h00, modifié le 27 août 2017 à 12h24 Temps de Lecture 2 min.

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Martin Page n’est pas devenu végan en un jour. « Je fais partie des lents », précise ce militant de la cause animale. Dans son nouvel ouvrage, Les animaux ne sont pas comestibles (Robert Laffont, 270 p., 18,50 euros), il précise : « Entre ma décision de ne plus consommer d’animaux et la réalisation de ce désir, il y a eu des années. Des années où j’ai lu, où je me suis renseigné, pendant lesquelles j’ai travaillé à me débarrasser du conformisme social qui nous pousse à trouver normal notre rapport sanglant aux animaux. » Et d’ajouter : « Dès l’enfance, j’ai su que manger de la viande était un problème, et pourtant j’adorais ça. On peut vivre des décennies avec un tel paradoxe. »

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Ce paradoxe, Matthieu ­Ricard lui a donné un nom : la dissonance cognitive. « Nous entretenons une forme de schizophrénie morale qui nous fait prendre grand soin de nos animaux de compagnie, tout en plantant nos fourchettes dans des porcs que l’on envoie à l’abattoir par millions », rappelle le moine bouddhiste dans son ouvrage Plaidoyer pour les animaux (Allary, 2014).

On affirme en toute sincérité être contre la souffrance animale, mais on ne veut rien changer à son assiette. On connaît le problème, mais on ne veut pas l’aborder. ­A notre décharge, tout est fait pour escamoter la cruelle réalité infligée aux animaux. Les abattoirs sont invisibles, et le langage édulcoré : on parle d’élevages « rationalisés » pour ne pas dire la brutalité avec laquelle on élimine les animaux improductifs, et les termes « filet mignon » ou « bavette d’aloyau » sont autrement plus appétissants que « morceau de cadavre ».

« Abomination légale »

Mais dès que nous ouvrons les yeux, le paradoxe devient difficile à tenir. D’où le succès croissant du mouvement végan, au sein duquel s’affrontent désormais deux écoles. D’un côté, les partisans d’un véganisme gourmand, créatif et joyeux, adeptes d’un discours exempt de culpabilité. De l’autre, une approche plus radicale, visant à appliquer à la lettre la pensée antispéciste, selon laquelle refuser de prendre en compte l’intérêt des animaux juste parce qu’ils appartiennent à une autre espèce que la nôtre est arbitraire. Ce qui implique de ne pas tuer les animaux au seul motif qu’ils sont des animaux, et donc d’abolir les abattoirs, la pêche et la chasse.

Cette position est celle de l’essayiste ­Thomas Lepeltier. Bouleversé en 2008 par la lecture d’Un éternel Treblinka, dans lequel l’historien américain Charles ­Patterson compare l’abattage industriel des animaux d’élevage aux camps d’extermination nazis, ce « carniste classique » est devenu végan « pour ne plus être complice de cette abomination légale ». Et s’indigne dans son nouvel ouvrage, L’Imposture intellectuelle des carnivores (Max Milo, 156 p., 16 euros), de ce que nos penseurs contemporains, « qui ont une responsabilité énorme en tant que faiseurs d’opinion », refusent de remettre totalement en cause notre système de consommation.

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