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Débats : pour ou contre le revenu universel ?

La proposition phare de Benoît Hamon suscite la polémique chez les économistes. « Le Monde » publie les points de vue « pour » et « contre » reçus depuis que ce thème a pris de l’ampleur dans le débat public.

Publié le 23 janvier 2017 à 12h48, modifié le 19 avril 2017 à 10h18 Temps de Lecture 8 min.

Irréaliste selon ses détracteurs, solution d’avenir pour ses partisans, le revenu universel suscite des prises de position radicales, en particulier chez les économistes. « Le Monde » publie, ou republie, les textes que nous avons reçus, ainsi qu’une enquête sur les origines intellectuelles de ce débat.

Comment éviter de « sombrer dans le totalitarisme technologique », par Pascal de Lima, chef économiste chez Harwell Management. L’économiste explique que le revenu universel et la taxe sur les robots reviendront inéluctablement sur le devant de la scène, poussés par l’entrée des pays développés dans le « nouvel âge de la machine ».

« Il faut un revenu civique universel utile qui serve la coopération et la citoyenneté », par Roger Sue, professeur à l’université Paris Descartes-Sorbonne. C’est du côté de l’associativité spontanée de la société civile, comme le prouve le succès de l’économie collaborative, qu’il faut aujourd’hui se tourner et notamment du côté des associations plébiscitées par l’opinion publique pour leur apport au capital humain.

« De quel travail parle-t-on lorsque l’on annonce la fin du travail ? », par Thomas Lagoarde-Segot (Doyen associé à la recherche, Kedge Business School – LEST Aix-Marseille Université) et Bernard Paranque (Professeur, Kedge Business School, Chaire « Finance Autrement » – LEST Aix-Marseille Université). Les mutations technologiques sont l’occasion de poser la question de la nature du travail humain, c’est-à-dire de la séparation entre celui qui commande et celui qui obéit, entre le temps contraint pour gagner sa vie et le temps libre pour réaliser notre humanité.

« Le revenu universel, dernière roue de secours d’un Etat-providence aux abois », par Ferghane Azihari, coordinateur de l’association de jeunes étudiants libéraux European Students for Liberty. Pour l’analyste en politiques publiques, le revenu universel nous éloigne de l’économie de marché qui a toujours été le vecteur le plus puissant de lutte contre la pauvreté.

Revenu universel : « La stratégie par étapes de Benoît Hamon est-elle la meilleure ? », par Jean-Eric Hyafil, doctorant en économie au Centre d’économie de la Sorbonne. L’économiste estime que la mise en œuvre immédiate d’une réforme fiscale avec un véritable revenu universel d’existence (RUE) serait plus pertinente qu’une application progressive.

L’« illusion tragique de la fin du travail », par Olivier Auber, chercheur associé, Université libre de Bruxelles. Tous les humains, qu’ils aient ou non un emploi, travaillent d’une manière ou d’une autre, explique le spécialiste de l’expression numérique.

« Le revenu de base est incompatible avec le “modèle social français” », par Charles Dennery, normalien, doctorant à la London School of Economics and Political Science. Pour l’économiste, avant de rêver d’un revenu de base en France, il est indispensable de réformer l’impôt sur le revenu, le chômage et la retraite.

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« Une taxe sur les robots n’est pas une solution viable pour financer le revenu universel », par Emmanuel Buisson-Fenet, professeur en classe préparatoire aux grandes écoles. Taxer les robots risque de détruire plus d’emplois que d’en créer. En outre, ils ne peuvent pas payer à notre place la protection sociale, qui repose sur un principe de redistribution des revenus entre cotisants et bénéficiaires sociaux.

« Un revenu universel de 1 000 euros par mois pour 35 milliards, c’est possible », par François Careme (économiste, ancien haut cadre dirigeant d’une grande entreprise). Le nouvel impôt sur le revenu mis en place pour financer le dispositif permettra aux personnes qui en ont besoin de garder le revenu universel et à ceux qui n’en ont pas besoin de le rendre.

– Claire Hedon : « Garantir à chacun un minimum de sécurité financière ne suffit pas ». Pour la présidente d’ATD Quart Monde, le droit à des moyens convenables d’existence, inscrit dans la Constitution, ne peut être dissocié des autres « droits fondamentaux » sans lesquels l’égale dignité est un leurre.

Piketty, Méda, Landais... Des économistes « pour un revenu universel crédible et audacieux ». Pour un collectif d’économistes, parmi lesquels Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez ou Tancrède Voituriez, le revenu universel « pose des questions sérieuses qui méritent que l’on y apporte des réponses solides ».

– Jean-Marc Ferry : le revenu universel, « une réponse intelligente », propos recueillis par Nicolas Truong. Philosophe attaché à l’idée européenne et théoricien de l’allocation universelle, Jean-Marc Ferry assure que la proposition par Benoît Hamon est un bon moyen d’accompagner socialement la mondialisation.

Le revenu universel de base, une fausse bonne idée ?, par Paul Jorion, économiste et anthropologue, Université catholique de Lille. Cette somme allouée chaque mois à tous et couvrant les besoins de base pourrait notamment peser sur les salaires, explique l’économiste.

« La philosophie du revenu minimum est profondément libérale », par Guy Sorman (écrivain et essayiste). Garantir à chacun, qu’il soit riche ou pauvre, actif ou chômeur, un revenu qui permette de vivre décemment est une idée généreuse parfaitement adaptée à l’économie de marché, selon l’écrivain Guy Sorman.

Vive l’utopie socialiste du revenu universel !, par Philippe Van Parijs, professeur à l’université de Louvain (Chaire Hoover d’éthique économique et sociale). La gauche doit cesser de se focaliser sur le plein-temps salarié et la croissance si elle veut proposer un modèle de société susceptible de tourner la page du néolibéralisme, selon le philosophe.

« Le revenu de base est le meilleur allié du travailleur », par Jean-Éric Hyafil (Centre d’économie de la Sorbonne, Mouvement français pour un revenu de base). Pour un individu sans activité, le revenu de base accroît l’incitation monétaire à prendre un emploi, puisqu’il sait qu’il conservera l’intégralité de son revenu de base même s’il touche un salaire en plus.

« La DIVA permet d’envisager une véritable politique pour la jeunesse », par Etienne Grass (ancien directeur de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem). Une dotation initiale dans la vie active (DIVA) est une idée alternative beaucoup plus crédible au mirage du revenu universel.

« Il est urgent de créer de meilleurs outils d’analyse du système socio-fiscal français », par Antoine Bozio (Institut des politiques publiques) et Yann Coatanlem (Club Praxis). Si le revenu universel nourrit tous les fantasmes, c’est qu’il existe aujourd’hui peu d’outils pour mesurer son impact sur la fiscalité existante et sur les aides sociales qu’il est conduit à remplacer en partie.

« Le partage du travail, alternative au revenu universel », par Gérard Fonouni (économiste). Accepter de travailler moins individuellement mais plus collectivement est un choix de société, au même titre que celui du choix de la flexibilité ou de celui de la création d’un revenu universel.

« Travailler plutôt que toucher un revenu universel », par Jordan Morisseau (juriste). L’Etat ne doit pas renoncer à aider le plus grand nombre à trouver du travail : c’est à ce prix que l’émancipation individuelle et collective demeure possible.

« Le revenu de base peut amortir la pauvreté mais ne peut garantir les droits au travail et au logement », par Martine Abrous, chargée de cours en politiques publiques à l’université Paris-XIII. La priorité des plus démunis est de vivre non pas de l’aide sociale mais de leur travail, non pas d’être hébergé à l’hôtel via le 115 mais disposer d’un logement à soi, explique la sociologue.

– Entretien avec Marc de Basquiat. Revenu de base : « Une telle réforme ne se fera pas en un mandat de cinq ans », propos recueillis par Romain Geoffroy. L’économiste Marc de Basquiat réagit à la préconisation par des sénateurs de l’expérimentation du revenu de base sur un échantillon de 20 000 à 30 000 personnes.

« Le revenu universel n’est ni simple... ni universel », par François Meunier, professeur associé à l’ENSEA. Pour l’économiste, l’aide sociale multiforme et complexe que l’on connaît, avec son lot d’imperfections, reste malgré tout perméable et évolutive et permet, du moins idéalement, de mieux respecter la personne qui la reçoit.

« Le revenu universel est finançable et il ne créera pas une société d’assistés », par Jean-Eric Hyafil. L’enseignant-chercheur propose quelques exemples concrets pour dissiper les fantasmes autour d’une proposition qui fait débat dans la campagne présidentielle.

Revenu universel : « Pari sur l’homme ou utopie dangereuse ? », par Pierre-Noël Giraud. Pour le professeur d’économie, les partisans du revenu universel pensent immédiatement possible une transformation, non seulement de la société, mais de l’homme lui-même. Alors que ses adversaires ne croient pas que le « à chacun un minimum inconditionnel » engendrera spontanément un « de chacun selon ses capacités ».
 

A lire aussi:

Le revenu universel entraînera-t-il la fin du travail ?, par Anne Chemin. Pour les partisans de cette allocation identique versée à tous, l’emploi ne doit plus être placé au cœur de la vie sociale. Un principe qui inquiète tous ceux pour qui le travail est une forme de citoyenneté.

Revenu universel : Valls et Hamon se disputent la référence à Piketty, par Adrien Sénécat. Les deux candidats ont invoqué le même économiste pour défendre des positions différentes lors du débat d’entre-deux-tours de la primaire à gauche.

Le revenu universel, en attendant de s’attaquer aux vraies questions, par Audrey Tonnelier. Le concept, devenu idée phare de Benoît Hamon, ébranle les traditionnelles divisions politiques, et navigue d’un camp à l’autre.

« Revenu universel, généalogie d’une utopie », par Antoine Reverchon. L’idée d’un « revenu universel », distribué à tous sans conditions, agite les intellectuels. A gauche comme à droite.

Primaire de la gauche : le revenu universel crée un nouveau clivage, par Sarah Belouezzane et Bertrand Bissuel. La proposition portée par Benoît Hamon a été rejetée par les autres candidats à la primaire pendant le premier débat télévisé.

Revenu universel : débat utile, fausse bonne idée. Editorial. Cette idée, devenue l’une des propositions phares de la campagne présidentielle, suscite des questions légitimes sur la protection sociale mais se heurte à un problème de financement qui semble insurmontable.

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