C’était une des promesses phares de campagne du candidat Emmanuel Macron. C’est aujourd’hui l’un des points centraux de la stratégie de réformes sociales du président de la République. L’extension de l’assurance-chômage aux démissionnaires et aux indépendants est, avec le plan d’investissement dans les compétences de 15 milliards d’euros et la refonte de la formation professionnelle, le volet sécurité d’un programme que certains jugent bien trop axé sur la flexibilité.
Une fois le droit du travail revu par ordonnances, les licenciements facilités et les indemnités prud’homales plafonnées, M. Macron l’a assuré : il faut permettre à ceux qui souhaitent quitter leur entreprise ou se lancer dans une aventure entrepreneuriale indépendante de le faire sans craindre les coups durs susceptibles de les priver de ressources.
Voilà pour la forme. Qu’en est-il du fond ? Car si pour les démissionnaires, la question est surtout financière (comment financer l’afflux de nouvelles personnes qui n’étaient pas toujours indemnisées avant), celle des indépendants risque de se révéler beaucoup plus complexe dans la mise en œuvre.
Proposer des premières pistes
Lancé depuis plusieurs mois, un groupe de travail regroupant des représentants de plusieurs institutions (Unédic, Pôle emploi, Trésor…) sous l’égide de Marc Ferracci, conseiller spécial de Muriel Pénicaud, la ministre du travail, devait réfléchir à la question de l’extension de l’assurance-chômage : s’ils ont travaillé sur le volet démissionnaires, les membres de la cellule ont, en revanche, confié aux inspections générales des affaires sociales et des finances, une mission de réflexion pour débroussailler la partie indépendants.
Qui indemniser ? Quel est le fait générateur, à savoir le moment à partir duquel un indépendants peut avoir droit à l’assurance-chômage ? Faut-il augmenter les cotisations pour supporter le coût ? Autant de questions sur lesquelles la mission va devoir proposer des premières pistes avant le début des concertations avec les partenaires sociaux fin novembre.
En attendant, les acteurs du secteur s’interrogent et s’inquiètent. « Nous avons été auditionnés et nous avons encore du mal à nous positionner, admet sans fard Grégoire Leclercq, président de la Fédération des autoentrepreneurs. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il faut faire quelque chose mais encore faut-il savoir comment, pour qui et si le jeu en vaut la chandelle. » Le responsable rappelle que la profession est hétéroclite, composée d’une part de libéraux gagnants bien leur vie et exerçant des métiers sous tension où le risque du chômage est quasi nul : médecins, infirmiers, avocats. Et, d’autre part, d’indépendants dont les revenus sont incertains, et qui peuvent par ailleurs, dans nombre de cas, cumuler une activité de salarié par ailleurs.
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