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« L’Europe doit interdire la pêche électrique »

Une tribune au « Monde » appelle l’Union européenne à bannir de manière définitive ce mode d’exploitation des ressources marines.

Publié le 15 novembre 2017 à 07h09, modifié le 15 novembre 2017 à 18h14 Temps de Lecture 4 min.

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« La réduction de l’effort de pêche doit être un cap prioritaire à tenir avec une fermeté absolue pour permettre aux stocks de poissons de se reconstituer » (Un chalut électrique).

Tribune. Les eaux européennes sont le théâtre du déploiement d’une nouvelle méthode de pêche, radicalement efficace et tout aussi menaçante pour les ressources que pour les pêcheurs eux-mêmes : la pêche électrique. Cette méthode est officiellement interdite depuis 1998, mais la Commission européenne accorde, depuis 2007, des dérogations permettant d’équiper les navires d’électrodes qui envoient une impulsion électrique dans le sédiment afin d’en déloger les animaux qui y vivent.

Au-delà de la question éthique que soulève l’électrocution du milieu marin et du manque total de contrôle autour de son développement, la pêche électrique inquiète aussi légitimement sur l’évolution actuelle des pêches européennes : une efficacité toujours plus grande pour un impact environnemental également plus important.

Les mers et l’océan bordant ­l’Europe, exploités depuis des siècles, sont en effet parmi les plus sur­exploités au monde. Selon ­l’Association française d’halieutique, sur 167 stocks de poissons de l’Atlantique Nord-Est étudiés en 2016, moins de 10 % (correspondant à 24 % des volumes débarqués) étaient pêchés durablement. Pour tous les autres, la situation restait soit incertaine, soit franchement mauvaise.

La réduction de l’effort de pêche doit être un cap prioritaire à tenir avec une fermeté absolue pour permettre aux stocks de poissons de se reconstituer et aux activités de pêche, qui dépendent d’une ressource en bonne santé, d’envisager l’avenir sous le signe de l’abondance des biomasses de poissons, de l’exigence sociale et de la performance économique. Accepter la pêche électrique serait remettre en cause cette exigence, car l’effort de pêche serait démultiplié et la sur­exploitation aggravée.

Encore une fois, l’innovation technologique induirait le sacrifice de très nombreux pêcheurs afin de compenser les gains d’efficacité des navires électriques. Les petits pêcheurs sont déjà durement touchés, puisque les chaluts électriques se sont déjà déployés vers les habitats côtiers fragiles, impactant leurs zones de pêche ou de reproduction de nombreuses espèces-clés.

Un aveu d’échec

Accepter le développement de la pêche électrique serait aussi l’aveu d’un échec : le constat qu’il n’y a plus assez de poissons pour que les pêcheurs remplissent leurs filets sans recourir à des artifices de plus en plus sophistiqués et performants. Les armements industriels sont acculés à une escalade technologique pour compenser une ressource mal en point. C’est ainsi que les Néerlandais en viennent à électrocuter les organismes marins pour capturer ceux qui se cachent dans le sédiment. C’était impensable, mais ils le font désormais quotidiennement.

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