Les promoteurs de la « smart city » vont devoir déployer des trésors de pédagogie ou réviser leurs plans. Alors que responsables politiques, professionnels de l’urbanisme et acteurs des transports ne jurent que par l’avènement de métropoles denses et ultra-connectées, une enquête dévoilée jeudi 16 novembre montre que ce modèle est largement rejeté par nos concitoyens, qu’ils vivent au cœur des villes ou en rase campagne.
Réalisé par L’Observatoire société et consommation (L’Obsoco) et le cabinet d’études et de prospective Chronos, ce premier « Observatoire des usages émergents de la ville » repose sur un questionnaire adressé à 4 000 personnes dans toute la France, plus 1 300 dans Paris intra-muros et 1 000 réparties en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne, à titre de comparaison.
Premier enseignement : la ville a une image globalement négative. « Les nuisances, le bruit, la pollution, la promiscuité, la fatigue, la cherté, l’emportent sur le versant positif, à savoir l’effervescence, la culture… », résume Philippe Moati, professeur agrégé d’économie et coprésident de L’Obsoco.
Alors que plus des trois quarts des Français vivent en ville, les urbains rêvent majoritairement de changer d’air. L’aspiration à « déménager et aller vivre ailleurs » concerne 56 % des répondants dans Paris, 59 % dans les villes centres de seize autres métropoles, 55 % des habitants de communes appartenant à un grand pôle urbain…, mais seulement un tiers de ceux vivant en périphérie d’une petite commune et un quart des sondés résidant dans une commune isolée.
« La recherche d’un compromis »
Pour la plupart, les métropolitains fatigués de la ville dense se projettent dans une cité de taille moyenne ou un village situé à la périphérie d’une grande agglomération. « Les gens cherchent un compromis, des villes à la campagne, avec des représentations associées au village, à la convivialité, au voisinage », explique M. Moati.
Confrontés par l’enquête à six modèles d’évolution de la commune, les Français interrogés plébiscitent la « ville nature » et rejettent en dernière position la « ville connectée ». Moins d’un Français sur trois accepterait d’ailleurs de partager ses données pour contribuer au bon fonctionnement des « smart cities ».
Pour le coprésident de l’Obsoco, ces réponses ne sont pas toujours à prendre au premier degré : « Elles traduisent, à travers le prisme de la ville, un malaise plus général sur le progrès, la modernité, la malbouffe, l’hyperconnexion. »
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