Bankia, la quatrième banque cotée espagnole, qui vient d'être nationalisée, va demander cette semaine une aide de plus de 10 milliards d'euros au fonds d'aide public au secteur financier (Frob), affirme lundi 21 mai le journal ABC. Selon le quotidien, le nouveau président de Bankia sollicitera cette aide via l'achat d'actions de Banco Financiero y de Ahorros, qui contrôle Bankia.
Le gouvernement a annoncé, le 9 mai, qu'il allait prendre le contrôle de Bankia en transformant en participation la dette de 4,465 milliards d'euros contractée en décembre 2010 envers l'Etat à travers un prêt public. Cette injection de fonds constitue la huitième intervention publique dans un établissement bancaire en Espagne, depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, qui a fortement fragilisé ce secteur.
RÉFORME DU SECTEUR FINANCIER
Bankia est la grande banque espagnole la plus exposée au secteur immobilier : 37,5 milliards d'euros fin 2011, dont 31,8 milliards considérés comme problématiques, c'est-à-dire à la valeur incertaine (crédits risquant de ne pas être remboursés, immeubles saisis...).
Elle devra fournir le plus gros effort de provisions, avec 4,722 milliards d'euros, après la réforme du secteur financier qui force les banques espagnoles à mettre de côté 30 milliards d'euros supplémentaires en 2012, pour se protéger de leur exposition au secteur immobilier sinistré.
Le titre, qui a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis son introduction en Bourse en juillet 2011 (à 3,75 euros), prenait 8,77 % à 1,91 euros, lundi à l'ouverture des échanges, dans un marché en baisse de 0,72 % à 6 511,2 points.
Lire : "L'Espagne lance un vaste audit de ses banques"
"AUCUN TYPE D'AIDE EXTÉRIEURE NE SERA NÉCESSAIRE"
L'Espagne n'a besoin d'"aucun type d'aide extérieure" pour assainir son secteur bancaire, qui croule sous les actifs immobiliers risqués depuis l'éclatement de la bulle, a affirmé lundi son ministre de l'économie, Luis de Guindos, ajoutant que "si besoin, le Frob sera là pour injecter" des fonds.
Concernant Bankia, M. de Guindos a estimé que serait nécessaire, au total, "un assainissement supplémentaire de 7 à 7,5 milliards d'euros", soit environ 3 milliards de plus que les 4,465 milliards d'euros de prêts publics récemment convertis en participation, pour permettre la prise de contrôle de l'Etat.
Par ailleurs, Luis de Guindos a estimé lundi que le PIB du pays reculerait encore au deuxième trimestre, d'une ampleur "similaire" au premier, où il avait baissé de 0,3 %, ce qui marquait alors le retour de l'Espagne en récession. Le ministre table ainsi sur un recul du PIB de 1,7 % sur l'ensemble de l'année.
"L'Espagne vit un moment difficile, mais l'Espagne a un gouvernement qui sait ce qu'il doit faire", a-t-il ajouté, réitérant les objectifs de réduction de déficit auxquels s'est engagé le pays, malgré le dérapage budgétaire de 2011, finalement plus fort que prévu (8,9 % au lieu de 8,51 % du PIB). "Le plan d'économies adopté compense déjà ce dérapage", a assuré M. de Guindos, affirmant que Madrid atteindra comme prévu un déficit public de 5,3 % en 2013 puis de 3 % en 2013.
Lire : "L'Espagne retombe en récession"
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