Ils sont quinze ministres à devoir abandonner vingt mandats locaux. La règle, énoncée par François Hollande avant la présidentielle, édictée dans la "charte de déontologie" qu'ils ont signée en entrant au gouvernement, a été martelée par Jean-Marc Ayrault, vendredi 18 mai sur France-Inter : "En tout état de cause, à la fin du mois de juin – ça sera une décision qui sera totalement respectée –, il n'y aura pas un seul ministre qui sera chef d'un exécutif local ou même adjoint, président d'une société locale, d'un office HLM… Il pourra rester, s'il le souhaite, simple conseiller."
En 1997, l'engagement avait été pris par Lionel Jospin, chef du gouvernement mais peu respecté. Nombre de ministres avaient contourné la règle en gardant un pied dans leur exécutif local. Impossible désormais. Parmi les élus pressentis pour les remplacer, certains sont des papes de transition. D'autres espèrent prendre une relève durable.
Neuf maires vont laisser leur fauteuil dont trois à la tête de grandes villes. A Nantes, Jean-Marc Ayrault passerait la main à son premier adjoint, Patrick Rimbert, 68 ans. A Evry, Manuel Valls, ministre de l'intérieur, devrait passer le relais à Francis Chouat, 64 ans premier adjoint. A Rouen, Yvon Robert, 62 ans, maire de 1995 à 2001, énarque de la promotion Voltaire comme M. Hollande et premier adjoint, devrait remplacer Valérie Fourneyron, ministre des sports. A Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), Jérôme Cahuzac, ministre délégué au budget, a prévu de laisser son fauteuil à Patrick Cassany, 50 ans, son premier adjoint qui pourrait être candidat à sa réélection aux municipales de 2014.
Maire de Palaiseau (Essonne), François Lamy, ministre délégué à la ville, a annoncé qu'il passait le relais à sa première adjointe Claire Robillard, 51 ans. A Argenton-sur-Creuse (Indre), Michel Quinet, premier adjoint, succéderait au maire, Michel Sapin, ministre du travail. A Cherbourg pour prendre le relais de Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux affaires européennes, Jean-Michel Houllegatte, conseiller municipal, 54 ans, tient la corde.
"PRÉSIDENT DÉLÉGUÉ"
Cinq communautés d'agglomération vont changer de patron. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, ne présidera plus celle de Rouen-Elbeuf-Austreberthe. Pierre Moscovici, ministre de l'économie, abandonnera celle du Pays de Montbéliard. Trois communautés urbaines – Nantes (M. Ayrault), Cherbourg (M. Cazeneuve) et celle du Boulonnais présidée par Fréderic Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, ministre délégué des transports – vont élire un nouveau président.
Pour succéder à la ministre des affaires sociales Marisol Touraine, présidente du conseil général d'Indre-et-Loire, le favori est Frédéric Thomas, premier vice-président, chargé des finances, et adjoint au maire de Tours. Plusieurs noms circulent pour la présidence du conseil général de Saône-et-Loire, qu'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, doit céder. Parmi eux, celui de Dominique Lotte, maire de Gueugnon, nommé "président délégué" du département par M. Montebourg.
Rien n'est décidé pour succéder à Victorien Lurel, ministre des outre-mer, à la tête du conseil régional de Guadeloupe. Pierrick Massiot, vice-président chargé des finances, tient la corde pour présider la région Bretagne à la place de Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense.
Christophe Girard devrait succéder à la maire du 4e arrondissement de Paris, Dominique Bertinotti, nommée ministre déléguée à la famille. Dans ce cas, il devrait abandonner son poste d'adjoint à la culture de Bertrand Delanoë. "J'ai demandé au maire de Paris s'il serait possible de conserver ma fonction d'adjoint à la culture jusqu'en 2014, confie-t-il au Monde. J'attends sa réponse et n'ai pas encore pris ma décision de devenir maire du 4e car j'ai bien d'autres projets."
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