Deux vitesses. C'est, grosso modo, ce qui ressort de l'analyse de la progression des salaires dans le monde réalisée par l'Organisation internationale du travail (OIT), présentée vendredi 7 décembre. Dans un environnement marqué, depuis le début de la crise, dans les années 2007-2008, par un ralentissement global de l'évolution des rémunérations, il y a d'un côté les pays d'Europe de l'Ouest et les économies développées qui ont connu une augmentation de quelque 5 % depuis 2000, et, de l'autre côté, les pays d'Asie centrale et d'Europe orientale qui ont vu les salaires moyens presque tripler sur la même période.
En Chine, "les salaires, dans les unités urbaines, ont enregistré une augmentation annuelle à deux chiffres en moyenne durant toute une décennie", explique Sangheon Lee, coauteur du rapport. Pour autant, lorsque l'on regarde les niveaux de salaires, les différences restent considérables. Là où, en 2010 aux Philippines, un salarié du secteur manufacturier gagnait 0,77 euro pour une heure travaillée, au Brésil il touchait 4,2 euros, aux Etats-Unis 17,9 euros et au Danemark 26,8 euros.
Au-delà, le rapport de l'OIT relève que la part des salaires dans le revenu national est de plus en plus faible. "Davantage du gâteau national est allé aux profits et moins aux salariés", disent les auteurs du rapport.
Dans les économies occidentales, le recul est frappant. La part moyenne des revenus du travail est tombée de 75 % du revenu total au milieu des années 1970 à 65 % dans les années précédant la crise.
"MÉCONTENTEMENT"
Après une pause, la diminution a repris en 2009, constate l'OIT reprenant des chiffres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Dans seize économies émergentes, la part des salaires dans le revenu national est passée en dessous de la barre des 60 %, atteignant 58 %.
"Cela provoque un mécontentement populaire et augmente le risque de troubles sociaux, surtout compte tenu des rémunérations exorbitantes que touchent certains dirigeants d'entreprise", relève l'OIT.
Il aurait pu y avoir néanmoins une note positive dans ce rapport. "Les écarts salariaux entre hommes et femmes reculent", avance l'OIT. Mais c'est pour préciser aussitôt que "ce n'est pas pour de bonnes raisons". "La situation des hommes sur le marché du travail s'est détériorée tandis que celle des femmes restait inchangée ou s'améliorait", explique Kristen Sobeck, coauteure du rapport.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu