Le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, a subi un revers, jeudi 31 mars, avec le départ de son ministre des affaires étrangères, Moussa Koussa. Sur le terrain, ses forces sont parvenues à faire reculer dans l'est du pays des forces rebelles désorganisées.
- La bataille pour Brega est en cours
Sur le terrain, des affrontements ont lieu en fin de matinée autour du terminal pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli). Des avions survolaient la région, où, plus tôt, cinq explosions avaient été entendues, selon des témoins. Mercredi, la coalition internationale avait mené un raid aérien contre les forces loyalistes à l'ouest d'Ajdabiya, salué par les rebelles qui réclamaient la reprise des frappes, stoppées plusieurs jours plus tôt.
Les forces loyalistes ont repris, mercredi 30 mars, le port pétrolier de Ras Lanouf, 370 km à l'ouest du fief des rebelles, Benghazi, et progressé vers Brega. Tripoli a été survolée dans la nuit par des appareils de la coalition, avant que des explosions soient entendues dans la banlieue de Salaheddine, au sud-est de la capitale, selon un témoin.
Le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, a affirmé que l'armée libyenne n'avait pas encore atteint le point de rupture, même si les frappes avaient mis hors de combat près d'un quart des forces kadhafistes.
A 7 heures du matin (heure de Paris) jeudi, l'OTAN a pris le commandement de toutes les opérations en Libye, succédant à la coalition multinationale, alors que le New York Times faisait état du déploiement d'agents de la CIA pour prendre contact avec la rébellion et guider les raids aériens.
La chaîne ABC a assuré que le président états-unien, Barack Obama, avait donné l'autorisation d'aider secrètement les rebelles. De même source, "des dizaines de membres des forces spéciales britanniques et d'agents du service d'espionnage MI6 travaillent en Libye", en particulier pour recueillir des renseignements sur les positions des forces loyalistes. La Maison Blanche a refusé "de s'exprimer sur des questions de renseignement".
- Coup dur diplomatique pour Kadhafi
Sur le plan politique, le colonel Kadhafi a subi un grave revers avec la démission de son ministre des affaires étrangères, Moussa Koussa, une des principales figures du régime, annoncée à son arrivée mercredi soir à Londres. "Sa démission montre que le régime de Mouammar Kadhafi, qui a déjà enregistré des défections significatives, est divisé, sous pression et s'effondre de l'intérieur", a déclaré le chef de la diplomatie britannique, William Hague.
Il a assuré que "Moussa Koussa ne se verra pas offrir d'immunité par la justice britannique ni par la justice internationale". "Il s'entretient actuellement de son plein gré avec des responsables britanniques". Un haut responsable américain a également qualifié cette défection de "très importante".
Le départ de M. Koussa "témoigne de la manière dont le régime est en train de s'effriter", a jugé un porte-parole des rebelles, Moustapha Gheriani. "Kadhafi n'a plus personne" sur qui compter. "Désormais, il ne reste que lui et ses enfants", a déclaré pour sa part l'ancien ministre de l'immigration libyen, Ali Errishi, qui a lui-même fait défection peu après le début de l'insurrection mi-février.
Lire : Moussa Koussa, un informateur-clé pour la coalition
Au pouvoir depuis près de quarante-deux ans, le colonel Kadhafi a par ailleurs affirmé que les dirigeants occidentaux avaient "décidé de lancer une seconde croisade entre musulmans et chrétiens à travers la Méditerranée". "Ils ont commencé une chose grave qu'ils ne peuvent contrôler et qui sera hors de leur contrôle, quels que soient les moyens de destruction dont ils disposent", a-t-il dit.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, s'est opposé à l'idée d'armer les rebelles, estimant que l'OTAN intervient militairement "pour protéger le peuple libyen, et non pour armer le peuple". Le ministre de la défense français, Gérard Longuet, a quant à lui affirmé que la livraison d'armes à la rébellion n'était "pas à l'ordre du jour", car non "compatible" avec la résolution de l'ONU.
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