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Mikhaïl Gorbatchev : la Russie court à la catastrophe

L'ex-dirigeant soviétique enjoint au président Medvedev de lutter contre la corruption et le manque de démocratisation dans le pays.

Le Monde avec AFP

Publié le 10 décembre 2010 à 13h33, modifié le 10 décembre 2010 à 17h01

Temps de Lecture 2 min.

L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev.

L'ex-dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev enjoint au président Dmitri Medvedev de tenir sa promesse d'une libéralisation politique et de lutter contre la corruption, soulignant que le pays courait dans le cas contraire à la catastrophe, dans une tribune publiée vendredi 10 décembre dans la Novaïa Gazeta. Dans ce texte publié par le journal d'opposition dont il est actionnaire, le père de la perestroïka et Prix Nobel de la paix fait un bilan peu flatteur de la dernière décennie en Russie, depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine.

"En 2000, les priorités étaient avant tout de défendre l'intégrité territoriale du pays et de le rendre à nouveau gouvernable, écrit M. Gorbatchev. Ces objectifs ont dans l'ensemble été atteints. Mais depuis, les questions non réglées se sont faites de plus en plus évidentes." Les promesses de libéralisation et de lutte contre la corruption du président Medvedev, élu en 2008 à la suite de Vladimir Poutine, devenu premier ministre, "ont empli d'espoir ceux qui s'inquiètent de l'avenir de la Russie", observe Mikhaïl Gorbatchev. Mais les mesures prises sont "insuffisantes et inadaptées", regrette-t-il.

CORRUPTION ET MANIPULATION DES ÉLECTIONS

Le pays a laissé de côté le "processus démocratique", s'est trouvé gagné par une "corruption qui s'étend à tous les niveaux de la fonction publique et délite la société", écrit M. Gorbatchev. "La suppression de l'élection des gouverneurs de régions, le passage au scrutin exclusivement par listes, sans participation minimale, le relèvement du seuil d'entrée au Parlement, tout cela dans des conditions de manipulation des élections à travers les médias", énumère-t-il notamment.

"Si on ne surmonte pas les tendances antidémocratiques, toutes les conquêtes des années passées seront menacées. Pas seulement le processus démocratique, mais aussi la fameuse stabilité" acquise depuis 2000, ajoute-t-il. "Le président doit donner au pays un nouvel ordre du jour, conclut M. Gorbatchev, il faut une concurrence démocratique, une société civile active, un contrôle réel de la société [sur les affaires de l'Etat]."

La relation entre le président russe Dmitri Medvedev et le premier ministre Vladimir Poutine est comparée dans les documents WikiLeaks à celle entre Robin et Batman dans le célèbre

UNE CRIMINALISATION CROISSANTE DE LA SOCIÉTÉ

Dans un article publié vendredi par le journal officiel Rossiiskaïa Gazeta, le président de la Cour constitutionnelle russe, Valéri Zorkine, dénonce quant à lui "une criminalisation croissante de la société russe" qui s'étend aux instances du pouvoir. "La criminalité sape les bases de notre système juridique fragile, de notre vie sociale, politique et économique", estime-t-il.

M. Zorkine considère que "l'alliance du pouvoir et de la criminalité", illustrée par les événements récents de Kouchtchevskaïa, dans le sud de la Russie, est "loin d'être unique". Le massacre en novembre de douze personnes à Kouchtchevskaïa a révélé que cette petite ville avait été terrorisée pendant des années par une bande criminelle couverte par les autorités et les forces de l'ordre.

Cette affaire a suscité l'émotion dans un pays pourtant habitué ces dernières années à la montée de la violence et a donné lieu à de nombreuses révélations dans les médias russes. "Des choses pareilles se sont produites ailleurs", souligne M. Zorkine, citant notamment Novossibirsk (Sibérie), Enguels (Volga) et Gous-Khroustalny (centre).

"Nous n'avons pas le droit de laisser notre Etat se criminaliser. Dans ce cas, nos rêves d'une société démocratique et d'un Etat de droit seront enterrés", clame-t-il. Dans une telle société, "il y aura des fauves, maîtres de la jungle criminelle et des 'sous-hommes' conscients qu'ils sont simplement à la merci des fauves", ajoute-t-il. "On aura d'un côté l'agression et le mépris à l'égard des 'loosers' […] de l'autre l'horreur et la colère des misérables qui, désespérés, vont rêver d'une dictature et pas du tout de démocratie", conclut-il.

Le Monde avec AFP

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