Le premier ministre François Fillon s'est alarmé, jeudi 13 janvier, de "l'utilisation disproportionnée de la violence" en Tunisie, où la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) a rencensé 66 morts depuis le début du mouvement de protestations. Il a appelé "l'ensemble des parties à faire preuve de retenue et à choisir la voie du dialogue".
Cette déclaration intervient au lendemain de la mort d'un universitaire franco-tunisien, première victime française des émeutes qui secouent la Tunisie depuis quatre semaines. Juqu'à présent, la France était restée plutôt discrète sur les événements tunisiens. Le porte-parole du gouvernement, François Baroin avait assuré que le gouvernement était "extrêmement vigilant", tout en rappelant que la France n'avait pas à "s'ingérer dans les affaires" de Tunis. Il a qualifié cette attitude d'"équilibrée".
Evoquant l'annonce la veille de la libération de certains manifestants, François Fillon a estimé qu'il fallait "progresser dans cette voie" et ajouté que le gouvernement français intervenait pour convaincre les autorités tunisiennes de "s'engager" dans ce sens. "Au-delà des problèmes de politique intérieure, il y a un problème de développement économique, et là, nous avons une action que nous pouvons conduire au niveau européen pour apporter des aides au développement plus efficaces", a-t-il dit.
L'UE ENVISAGE DE SUSPENDRE DES NÉGOCIATIONS
L'Union européenne a également réagi, envisageant éventuellement de suspendre des négociations pour renforcer les relations entre Bruxelles et Tunis. "Cela peut être une option" pour l'UE, a souligné une source diplomatique. De son côté, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, n'a pas mentionné explicitement cette possibilité mais indiqué que les Européens réfléchissaient aux conséquences des troubles actuels.
L'Union européenne, a-t-elle ajouté, souhaite en premier lieu "promouvoir les réformes" en Tunisie, "l'ouverture démocratique, les libertés fondamentales et l'Etat de droit". Des députés européens ont déjà appelé à une suspension des négociations en cours entre l'UE et la Tunisie en vue d'un renforcement des relations bilatérales.
Depuis mai 2010, l'Union européenne, déjà liée à la Tunisie par un accord d'association datant de 1995, négocie en vue de lui octroyer un "statut avancé", à l'instar de celui dont bénéficie déjà le Maroc. Tunis le demande depuis novembre 2008. Ce statut permet notamment d'intensifier les relations commerciales. La Tunisie bénéficie déjà d'importants financements européens dans le cadre de la politique de voisinage de l'UE.
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