Le procès de Jacques Chirac pour les emplois fictifs de la Mairie de Paris n'aura pas lieu lundi 7 mars. Comme attendu, l'audience, à peine ouverte, n'a duré que quelques minutes, le temps pour les avocats de la défense d'exposer leur demande de renvoyer l'audience en attendant que la Cour de cassation se prononce sur la recevabilité d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), qui devra ensuite être transmise au Conseil constitutionnel.
Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, qui avait requis un non-lieu en 2009 contre l'ancien président, a jugé recevable cette demande, qui pourrait retarder le procès de plusieurs mois. "Les fait sont anciens sans que la justice puisse être critiquée pour cela, analyse ce procureur proche de Nicolas Sarkozy. Mais ce procès pourrait paraître anachronique. Beaucoup de bruit pour rien." Le tribunal a suspendu l'audience jusqu'à mardi 8 mars 13 h 30, dans l'attente de la décision de son président, Dominique Pauthe.
Auparavant, l'audience avait débuté dans l'agitation, deux personnes ayant déposé des demandes de partie civile fantaisistes avant d'être expulsées sur demande du président du tribunal. Jacques Chirac, lui, n'était pas présent à l'audience.
Les parties civiles ont fait part de leur mécontentement devant ce report, estimant que "l'on ne veut pas du procès Chirac". Les avocats de l'ancien président, eux, ont estimé que l'examen de la QPC ne signifiait pas forcément que le procès serait reporté.
56 % DES FRANÇAIS SOUHAITENT CE PROCÈS
La demande de QPC de la défense de l'ancien président est la dernière en date d'une série d'offensives destinées à retarder un maximum la tenue de ce procès. La Ville de Paris, principale partie civile de l'affaire, avait choisi de retirer sa plainte après un accord d'indemnisation conclu avec l'UMP et Jacques Chirac en septembre 2010, laissant les autres parties civiles (l'association AntiCor et quelques particuliers) seules sur le banc.
Le procès même a été l'objet d'une remise en question par les médias, notamment en raison de la santé déclinante de l'ex-président, âgé de 78 ans. L'opinion des Français a évolué sur la question. Selon un sondage BVA pour M6, 56 % d'entre eux estiment que Jacques Chirac doit être jugé comme "n'importe quel citoyen". En novembre 2009, ils étaient 72 % à être favorables au renvoi de M. Chirac devant la justice, rappelle le sondage.
L'affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, divisée en deux dossiers, concerne neuf prévenus, dont l'ancien chef de l'Etat. Elle porte sur deux dossiers d'emplois présumés fictifs à la Mairie de Paris, qui aurait rémunéré des permanents du RPR dans les années 1980 et 1990. Jacques Chirac est poursuivi pour "détournements de fonds", "abus de confiance" dans la première affaire, et pour "prise illégale d'intérêt" dans la seconde.
Lire : Deux affaires pour un seul procès.
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